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ESSAIS ET NOTICES

CHARLES D’ORLEANS

On l’a sévèrement jugé : les historiens de la littérature, Gaston Paris, Ferdinand Brunetière, ont paru surpris qu’ayant vécu à une époque ensanglantée par les guerres civiles et étrangères il n’eût été qu’un poète galant, habile à chanter les dames ou le retour du printemps :


Le temps a laissie son manteau
De vent, de froidure et de pluye.


Charles d’Orléans a mérité pourtant les sympathies de quelques biographes et notamment du plus récent, M. Pierre Champion, qui, à le fréquenter beaucoup, s’est pris à l’aimer, et en a tracé un portrait fort réussi : « J’ai essayé de le voir en quelque sorte vivant, — écrit-il, — ce qui est presque toujours la meilleure façon de comprendre. Ainsi, après que j’eus fureté dans ses « vieux cahiers, » m’est apparu le « doux » seigneur en son âge mûr, chenu comme un vieux chat, frileux dans ses robes fourrées de velours noir ; familier et très bon, maniaque un peu ; grave, comme il arrive à qui a été déçu dans ses entreprises ; plein de sagesse et de franche gaîté au milieu des compagnons de son choix ; noble dans ses façons, encore qu’il fût dénué de tout héroïsme[1]. »


Au sortir de l’enfance, ce Valois devint l’un des chefs de la féodalité

  1. Vie de Charles d’Orléans (1394-1465), par Pierre Champion, 1 vol. in-8, orné de planches ; librairie Honoré Champion ; ouvrage couronné par l’Académie française, 2e prix Gobert.