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d’autres problèmes importans. D’une part, elles montrent que le froid des espaces sidéraux ne s’oppose nullement comme on l’a cru longtemps à ce que des germes vitaux se transmettent d’un astre à l’autre. J’aurai l’occasion d’y revenir prochainement, à propos de quelques travaux récens sur l’origine et le mécanisme de la vie. D’autre part, elles sont liées étroitement à la conservation par le froid des denrées périssables qui est, nous le verrons tout à l’heure, une des applications les plus heureuses des basses températures.

Il n’est pas jusqu’à la médecine qui n’ait commencé à utiliser, dans différens domaines, ces propriétés conservatrices du froid. On sait qu’il est interdit aux médecins d’employer des vaccins récoltés depuis plus de quarante jours, car, à la température ambiante, ils ont au bout de ce temps, perdu toute activité. Or, divers expérimentateurs, et notamment M. Camus, ont établi que la virulence des vaccins persiste pendant des périodes de temps indéfinies lorsqu’on les conserve au frigorifique. On entrevoit sans qu’il soit besoin d’y insister l’importance de ce fait ; il permettra aux instituts vaccinogènes de posséder en tout temps des réserves de vaccin pur et d’éviter des paniques comme celle qui s’est produite lors de l’épidémie de variole de 1907. Il permettra aux pays éloignés de ces Instituts d’avoir en tout temps, et sans dépendre de la production de ceux-ci, leur provision de vaccins.

Dans un ordre d’idées tout différent, la transplantation des tissus, cette conquête récente de la chirurgie à laquelle notre compatriote le docteur Carrel a fourni tant de brillantes contributions, est, elle aussi, endroit d’attendre beaucoup de l’utilisation des basses températures. En employant un froid modéré, M. Magitot a réussi récemment à conserver pendant de longs jours une cornée humaine (dont le tissu est pourtant un des plus délicats et des plus putrescibles qui soient) et à la greffer ensuite avec plein succès sur l’œil d’un malade dont la cornée avait été brûlée et opacifiée accidentellement. Il y a là toute une voie nouvelle et vaste ouverte aux applications thérapeutiques du froid.


II. — L’INDUSTRIE DE l’AIR LIQUIDE

Les applications économiques des basses températures ont pris une telle extension, elles touchent à des problèmes si complexes et si nombreux que, dans tous les pays civilisés, des « Associations du froid » n’ont pas tardé à se former, qui publient dès maintenant toute une presse périodique. Celle qui s’est fondée chez nous, sur l’initiative de