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des richesses de son sol, des puissances de son industrie. Et le règne d’Albert débute avec les préoccupations les plus élevées, celles de la mise en valeur, de la mise à profit des forces intellectuelles et morales du pays.

Celles-ci ne seront-elles pas, à leur tour, cristallisées en quelques belles œuvres de la pensée ? L’originalité belge trouvera-t-elle à se traduire par l’intermédiaire de grands écrivains ? Pourquoi pas ?

Maurice Maeterlinck porte, sous le prestige d’une forme fluide et claire, égale à celle des maîtres français, la marque de son originalité flamande, traditionnelle, silencieuse, comparable à la lente coulée d’eau paisible d’un canal, comme celui de Gand à Terneuzen où l’infini de l’éther a le temps de se refléter. Emile Verhaeren chante le progrès, l’industrie, les villes « tentaculaires, » les héros et les dieux en une forme personnelle, trépidante et moderne. Il revendique sa nationalité comme une richesse morale et pittoresque et lance fièrement ces vers, par lesquels on me permettra de terminer l’évocation de la patrie :


Mon pays tout entier vit et pense en mon corps ;
II absorbe ma force en sa force profonde
Pour que je sente mieux, à travers lui, le monde
Et célèbre la terre avec un chant plus fort.


HENRI DAVIGNON.