Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 13.djvu/653

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

presse du Centre se fâcha. L’auteur du manifeste collectif qui jadis avait remercié Guillaume Ier pour les lois de guerre, récoltait maintenant des signatures, — et parfois les mêmes, — au bas d’une autre feuille de papier qui remerciait Léon XIII de la paix : la presse du Centre demanda si les catholiques d’État de 1873 étaient donc, effectivement, les vainqueurs de 1887. Les complimens de Ratibor au sujet de la paix risquaient de ramener la guerre ; il finit par serrer le document dans son tiroir et désormais on n’en parla plus. Léon XIII, dans son discours consistorial du 23 mai, se félicitait que le pouvoir du Pontificat romain eût cessé en Prusse d’être tenu pour étranger, et qu’il pût à l’avenir s’y exercer sans aucun obstacle ; c’était là, pour lui, le principal succès obtenu. Pour que ce dénouement, ainsi défini, pût satisfaire les anciens catholiques d’État comme Ratibor, il fallait qu’ils eussent cessé d’être catholiques d’État.

Ils pouvaient trouver aussi, dans l’allocution consistoriale, quelques lignes qui rendraient difficile à la presse bismarckienne d’insister sur l’antagonisme entre le Pape et le Centre. Léon XIII parlait des « membres catholiques du Parlement, ces hommes si constans à défendre la meilleure des causes, de la vigilance et de l’entente desquels l’Église a déjà recueilli de si nombreux fruits et en attend de semblables pour l’avenir. » Le Pape rendait justice au passé du Centre, rouvrait au Centre les voies de l’avenir. Le 9 juin, s’adressant aux évêques, le Pape leur donnait une bonne nouvelle : le gouvernement prussien venait d’informer Rome que le veto de l’État contre la nomination d’un curé ne pourrait jamais s’engager sur des faits relatifs à l’action électorale d’un prêtre ou à l’accomplissement de sa besogne sacerdotale : c’était ce que Mgr Kopp avait, sans l’obtenir, réclamé de la Chambre des Seigneurs ; mais Bismarck, comme chef de gouvernement, faisait déclarer à Léon XIII que, dans la pratique, les désirs de Mgr Kopp seraient exaucés. Les évêques les plus craintifs devaient dès lors comprendre qu’il y avait lieu de raisonner leurs alarmes et d’en atténuer l’expression. Réunis à Fulda, ils prirent acte de la promesse donnée par la Prusse au Pape, et demandèrent au Pape qu’il voulût bien agir sur le gouvernement prussien pour faire trancher, conformément aux souhaits de l’épiscopat, les questions parfois litigieuses auxquelles donnait lieu, dans l’école, l’enseignement religieux. Auteur et garant de la paix, le Pape était ainsi prié d’écarter