Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 13.djvu/650

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Révolution française. « C’est seulement ensuite, pressentait Melchers, qu’on parviendra vers la liberté de l’Eglise ; mais serons-nous encore de ce monde ? ni vous ni moi ne pouvons nous en flatter. »

Les angoisses de Windthorst augmentaient ; il demandait conseil, le 17 avril, au chanoine Perger. La lettre papale allait être publiée ; si la fraction du Centre ne prenait aucune part aux débats du Landtag, elle paraîtrait se mettre en opposition avec les instructions de Rome. Et puis le Pape avait été renseigné, il avait eu entre les mains le mémoire de Windthorst ; seul responsable devant Dieu, il prenait une décision ; y avait-il autre chose à faire qu’à obéir ? L’obéissance, d’ailleurs, dut paraître à Windthorst un peu moins âpre, lorsque Mgr Kopp, le 18 avril, lui fît savoir que si l’on introduisait dans la loi un seul amendement défavorable à l’Église, le Centre, de par la volonté du Pape, recouvrerait sa liberté, et que, d’ores et déjà, Schloezer en était prévenu.

Trois jours après, la Chambre des députés commença la discussion. Cette loi met en péril, et l’Etat et le protestantisme, signifia de la part des nationaux-libéraux le juriste Gneist. Windthorst répondit qu’il ne polémiquerait pas contre le « père intellectuel » du Culturkampf ; il ajouta très brièvement qu’en raison des instructions du Saint-Siège, sa fraction voterait la loi ; et la fraction s’effaça jusqu’au moment où l’un de ses anciens membres, Cremer, l’ayant accusée d’hostilité contre Rome, Schorlemer-Alst jugea nécessaire d’opposer quelques mots de réplique, digne et dédaigneuse. Le progressiste Richter, voyant une occasion d’agacer Bismarck, se hâta de la saisir : il déclara que le veto de l’État créerait des habitudes de servilité et d’ « arrivisme » dans certains milieux qui en étaient encore indemnes ; que Bismarck voulait exploiter pour ses propres desseins le prestige de l’autorité religieuse ; et qu’il avait, même, invoqué l’intrusion d’un étranger dans le débat sur le Septennat, affaire de politique intérieure ; il lui reprocha, enfin, d’attaquer le Centre par derrière, n’ayant pu réussir à le vaincre de front. — Vous parlez comme un bon vassal du Centre, lui riposta Bismarck ; vous dites ce que le Centre n’a pas osé dire. On redoutait l’abus du droit de veto. Bismarck promettait que l’État n’en ferait qu’un usage très sobre. On incriminait les appels de la Prusse au Pape. « Je croirais nuire aux intérêts de mon pays,