Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 13.djvu/643

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devoir ecclésiastique. » Voter cet amendement de Mgr Kopp, c’eut été défendre aux présidens supérieurs d’invoquer contre un prêtre proposé par l’évêque, soit son attitude politique au moment des élections, soit certains actes de son ministère sacerdotal qui avaient pu déplaire aux autorités civiles : les Seigneurs refusèrent de laisser ainsi s’émousser les susceptibilités de l’État.

Mgr Kopp obtint que la messe publique ou privée et l’administration des sacremens fussent désormais pleinement libres : restriction n’était faite que pour les membres des ordres expulsés de l’Empire, comme les Jésuites ; ceux-là, si d’aventure ils erraient en Prusse, n’auraient d’autre droit que de dire des basses messes et d’administrer, en cas de nécessité, les sacremens des mourans. Enfin Mgr Kopp obtint de la Chambre, comme il l’avait obtenu de la commission, qu’aux diverses catégories d’ordres religieux dont le projet de loi prévoyait le retour on ajoutât les congrégations féminines se dévouant à l’instruction, et que les ordres réintégrés rentrassent en possession de leurs biens ; et tandis que le projet gouvernemental, maintenu par la commission, stipulait que la rentrée des ordres serait subordonnée à une autorisation ministérielle, les Seigneurs, sur un geste de Bismarck, acceptèrent que, de plein droit, la Prusse leur fût ouverte.

Certaines satisfactions avaient été accordées à Mgr Kopp ; d’autres lui avaient été refusées. Avant le vote d’ensemble, il se leva de nouveau.


De décider, dit-il, pour ou contre le projet, c’est là, pour moi, chose extraordinairement grave. Si je vote pour la loi, je me mets en opposition avec une grande partie de la population catholique. Si je vote contre, j’entre en opposition avec mes collègues qui considèrent que, par le fait de ce projet, des intérêts très légitimes sont à plusieurs égards satisfaits. Je me mets aussi en opposition avec le travail de pacification auquel concourent l’Église et l’État, et je cours péril, peut-être, de le rendre inutile. Je ne peux pas assumer cette responsabilité-là. J’ai l’espoir que dans l’autre Chambre on étudiera encore s’il n’est pas possible, en tel ou tel point, de répondre aux désirs de l’Église ; avec cet espoir, et après cette explication, je voterai pour la loi, et je donne cette explication, aussi, au nom de plusieurs membres catholiques de cette Chambre.


Les Seigneurs, par une très forte majorité, acceptèrent l’ensemble du projet de loi. Le soir même de cette historique journée,