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L’AUTRICHE
ET
LA GUERRE BALKANIQUE

Bella gerant alii... Les événemens seraient-ils sur le point de faire mentir l’aphorisme classique ? La guerre, « industrie nationale » de la Prusse, n’a pas servi à édifier la fortune de l’Autriche. Depuis un siècle, le sort des armes, quand elle se trouva réduite à y recourir, lui fut rarement favorable, mais chaque fois qu’elle resta fidèle à sa mission de paix et de conciliation, elle recueillit les bénéfices de sa prudente réserve. Elle a perdu l’Italie malgré Novare et Custozza, mais elle a gagné la Bosnie, en 1878, par politique, sans coup férir, par l’effet d’une neutralité habilement préparée et calculée. L’action, à laquelle sa constitution interne la rend peu propre, lui a été généralement moins profitable que l’abstention armée.

Le gouvernement de Vienne, depuis quelques semaines, tient l’Europe en alarme ; l’empire retentit du bruit des armes : 900 000 hommes seraient prêts à entrer en campagne. Si exagéré que soit, peut-être, ce chiffre, il est certain que l’armée austro-hongroise a été, en partie, mise sur le pied de guerre, que les militaires frémissent d’impatience et réclament la bataille. En Bosnie-Herzégovine, dans les ports, sur la Save et le Danube, en face de Belgrade, des masses d’hommes sont concentrées, tout est préparé pour envahir en quelques heures la Serbie et le sandjak de Novi-Bazar, pour transporter des troupes à Durazzo. En Galicie, en Bukowine, des forces considérables sont rassemblées,