Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 13.djvu/558

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour en chasser le dragon, c’est-à-dire le péché, la maladie, la mort, la haine : Christ, qui est la Vérité, l’Idée spirituelle !

Cette première explication n’était pas très limpide. Cavalcanti demanda tout net comment la Science Chrétienne s’y prenait pour soigner une pneumonie. La dame évita de répondre sur ce cas trop particulier.

— La maladie, dit-elle, n’est qu’un rêve. Il est donc nécessaire d’éveiller le patient. Et nous l’éveillons en lui persuadant peu à peu, avec douceur, que la matière ne sent, ni ne souffre, ni ne jouit, puisqu’elle n’existe pas ; en le convaincant que l’esprit immortel est la seule cause efficiente qu’il y ait dans l’Univers, et que par conséquent la maladie ne peut être ni une cause ni un effet ; en détournant du corps l’attention que lui prête le malade imaginaire et en la ramenant vers Dieu.

Elle fit une pause ; puis, levant le livre qu’elle avait sur ses genoux :

— Pour moi, continua-t-elle, voici, après la Bible et le livre de Mrs Eddy, la meilleure des médecines. Ce sont les conférences que Svamo Vivekananda, le missionnaire védantiste, a faites en Amérique il y a quelques années.

— Et aurait-elle le pouvoir de raccommoder une jambe cassée, la philosophie du Vedanta ? ne pus-je m’empêcher de lui demander brutalement.

— Oui, me répondit-elle sans s’émouvoir. On peut guérir mentalement des membres cassés. Mrs Eddy y a réussi sur elle-même. Mais il faut pour cela une force extraordinaire de la pensée, une incomparable pureté de l’âme. C’est pourquoi notre sainte fondatrice a sagement permis à ses disciples de recourir aux chirurgiens pour ces accidens-là.

Puis, après un instant de silence :

— Désirez-vous connaitre à fond notre doctrine ? Je puis vous prêter le livre de Mrs Eddy. C’est le livre annoncé par l’ange de l’Apocalypse, le plus beau livre que l’on ait écrit depuis la Bible.

Et Mme Yriondo se leva, quitta la cabine.

— Elle est folle à lier, dis-je en pouffant de rire.

— Il y a pourtant dans sa croyance une certaine grandeur, me répondit mon compagnon..

— Oh ! Cavalcanti ! m’écriai-je. A force de vouloir examiner, tâter et goûter toutes choses, je ne sais ce qu’à la fin vous n’admirerez pas