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que la Russie était sûre de nous. Elle ne peut en effet douter de notre concours, pas plus que nous ne doutons du sien, et nous sommes convaincus qu’à l’épreuve de la crise actuelle, notre alliance recevra encore un accroissement de vitalité. »

Si on se rappelle ce que nous écrivions au début de ces événemens, à savoir qu’ils seraient, qu’ils étaient déjà la mise à l’épreuve de nos amitiés et de nos alliances, on comprendra combien nous sommes heureux d’apprendre qu’elles en sont sorties intactes. En ce qui concerne l’Angleterre, le bruit avait couru que des divergences pouvaient se produire, s’étaient même déjà produites entre elle et nous au sujet de la Syrie et du Liban. Quelle invraisemblance ! Qui pourrait avoir l’idée, aujourd’hui, de soulever dans la Turquie d’Asie des questions qui viendraient encore compliquer celles dont la Turquie d’Europe est remplie ? Ces dernières ne sont-elles pas suffisantes pour occuper toute l’activité des puissances ? Sans doute, nous aurions quelque chose à faire et nous le ferions si nos intérêts traditionnels étaient menacés en Syrie : M. Poincaré a déclaré, aux applaudissemens de la Chambre et du Sénat, que nous ne les laisserons pas péricliter. Mais qui donc les menace ? En tout cas, ce n’est pas l’Angleterre. « Le gouvernement anglais, a dit M. Poincaré, nous a très amicalement déclaré qu’il n’avait dans ces régions ni intentions d’agir, ni desseins, ni aspirations politiques d’aucune sorte. » En vérité, nous n’en doutions pas, mais il était bon de l’affirmer, afin de couper court à des insinuations contraires.

Toute l’attention de l’Europe est donc concentrée dans les Balkans et elle y a assez à faire. Grâce à l’heureuse proposition de sir Edward Grey, la réunion des ambassadeurs fonctionne à Londres parallèlement à la Conférence des délégués balkaniques ; elle lui sert de régulateur pour les questions qui intéressent l’Europe, tout en lui laissant pleine liberté dans celles qui n’intéressent que les États balkaniques eux-mêmes. On ne peut pour le moment rien faire de plus, ni de mieux.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.