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lance-torpilles ne parait pas être encore « au point. » Du moins n’a-t-il pas fait parler de lui, jusqu’ici ; et voilà cependant, s’il en fut jamais, un type de bâtiment auquel la remontée des Dardanelles serait bien facile, les mines sous-marines, seul danger qu’il put redouter, ayant été supprimées.

Les Grecs doivent regretter de ne pas s’être attachés plus tôt à l’organisation d’une flottille de sous-marins.

Après les diverses unités, neuves ou refondues, que je viens d’énumérer, il n’y a plus à citer que de vieux navires, encore utilisables à la rigueur dans le service de la surveillance et de la défense du littoral. Tels, 5 torpilleurs de 85 tonnes, qui datent de 1886 ; tels encore 12 ou 15 avisos, canonnières et vedettes ; tels, enfin, les 2 petits cuirassés qui constituèrent, il y a quelque trente ans, le noyau primitif de la flotte grecque et qui sont aujourd’hui employés comme bâtimens-écoles ou casernes, le Vassilevs-Georgios et la Vassilissa-Olga.

Une mention, toutefois, à 3 ou 4 croiseurs auxiliaires que le ministre de la Marine grecque a empruntés à une flotte à vapeur marchande dont les progrès, depuis quelques années, sont fort remarquables[1] et qui fournit à la flotte de guerre un excellent fonds d’équipages bien dégrossis.


Il est difficile de reconnaître le même avantage à la marine turque. L’Osmanli a pu être marin, autrefois, du temps du grand corsaire Barberousse. Encore est-il probable que les meilleurs auxiliaires de l’habile Kaïreddin étaient des rayas et, précisément, des Grecs, attirés sous son pavillon par l’appât du butin. Mais ces temps sont changés. Depuis Lépante, la marine turque n’a cessé de décliner, et le marin ottoman s’est toujours montré fort médiocre, quoique très brave et très dévoué. A Tchesmé, à Navarin, à Sinope, il a su mourir glorieusement pour sa foi et pour le Kalife. Mais, savoir mourir, ce n’est pas assez pour vaincre...

Faut-il en conclure que la flotte dont je vais donner la composition serait absolument incapable, faute de personnel compétent,

  1. Le département de la Marine insiste avec raison dans un rapport récent sur les services rendus par la flotte marchande hellénique ; 95 des bâtimens de cette flotte ont été réquisitionnés pour les besoins des opérations de la guerre actuelle. La division bulgare dont j’ai parlé plus haut a été transportée de Salonique à Dédéagatch sur les 17 plus grands et meilleurs navires à vapeur de la flotte en question.