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CE QU’ON PEUT FAIRE AVEC UNE MARINE
A PROPOS DE LA GUERRE DES BALKANS.

Au moment où j’écris ceci, — commencement de décembre 1912, — la guerre s’assoupit dans les Balkans, sauf du côté de Scutari d’Albanie et autour d’Andrinople, dont l’énergique ténacité force le respect des heureux adversaires de la Turquie.

Les négociations engagées à Tchataldja aboutiront-elles à la paix ? Il serait difficile de le prédire, et il ne le serait pas moins de préjuger du degré de résistance que les Turcs, raffermis, renforcés, opposeraient dès maintenant aux alliés, sur la triple rangée de forts, de redoutes et de batteries qui barre, de Derkos à Buyuk-Tchekmedjé, la presqu’île de Byzance.

Ces lignes de Tchataldja, en passe de devenir aussi célèbres que le furent, il y a un siècle, celles de Torrès Védras, où vint se briser l’effort de l’armée de Masséna, ces lignes ont été déjà sérieusement tâtées par les Bulgares, sur leurs deux ailes ; et, des deux côtés, la flotte ottomane contribua largement, — intervention assez inattendue ! — au succès de la défense en canonnant les colonnes qui se glissaient le long de la mer pour tourner un front trop redoutable. Pour en finir, les six torpilleurs bulgares[1], résolument lancés à l’attaque par une nuit de « temps bouché, » ont torpillé, non pas, comme il eût fallu, les cuirassés turcs, mais le croiseur de grand’garde, Hamidieh, qui a été obligé de rentrer dans la Corne-d’Or, gravement avarié.

Ce coup d’éclat n’en est pas moins fort honorable pour la

  1. Smieli, Berzi, Krabiii, A, B, C, caractéristiques : 100 tonnes de déplacement, 26 nœuds de vitesse, 3 tubes lance-torpilles. Les trois premiers de ces torpilleurs ont été construits par le Creusot, dans son chantier de Chalon-sur-Saône.