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cette affirmation, que le Centre est libre au point de vue politique : « En toutes circonstances, appuyait-il, nous devons maintenir imprescriptiblement ce principe, car autrement les amis du Culturkampf diraient que nous n’agissons que d’après l’avis de nos supérieurs ecclésiastiques. Et que le Saint-Père ait reconnu ce principe, nous devons nous en réjouir. » Cela dit, il passait au septennat. Le Pape, expliquait-il, avait ses raisons pour en souhaiter le succès, et elles étaient bonnes ; mais à l’impossible nul n’est tenu. Voter le septennat, c’était sacrifier l’existence du Centre, c’était perdre la confiance des électeurs, hostiles à un surcroit de charges militaires et financières.

On voulait créer un conflit entre le Pape et le Centre. Windthorst proclamait que les catholiques allemands seraient toujours les fils loyaux du Pape, et que le Pape, connaissant leurs vertus, ne se formaliserait jamais si des citoyens allemands lui parlaient un langage allemand. Mais quel progrès ! s’écriait-il, quæ mutatio rerum ! On faisait des lois, jadis, pour limiter en Allemagne la compétence ecclésiastique du Pape ; et ces mêmes législateurs, aujourd’hui, crient vers le Pape comme vers le seul sauveur. Eh bien ! lui aussi, il voulait bien que dans cette question militaire la Papauté fût arbitre, comme elle avait été médiatrice entre l’Allemagne et l’Espagne ; il consentait à faire au Reichstag la proposition. Mais à une condition, c’est que le diplomate Schloezer ne fût pas le seul à éclairer l’arbitre, et c’est que les hommes du Centre, aussi, fussent entendus. « Le Saint-Père, ensuite, verra ce qui est juste. Elire le Saint-Père comme arbitre en cette affaire, voilà notre programme, c’est à quoi tend notre propagande. « Il traitait ensuite, au point de vue militaire, la question du septennat : et puis, d’un dernier mot, il envisageait la situation électorale. De-çà, de-là, certains catholiques s’essayaient à être candidats à l’écart du Centre ; une fois députés, ils flotteraient à tous les vents, et le peuple catholique, élevant alors une stèle au Centre, y pourrait inscrire ces mots : « Jamais vaincu par les ennemis, mais déserté par les amis. — Jamais, jamais ! interrompait l’auditoire. — Ainsi, messieurs, le Centre ne sera pas déserté par ses amis ? — Non, non. » Un triple hoch à Léon XIII, un triple hoch à Guillaume Ier, le vote d’une résolution en faveur du pouvoir temporel, terminaient la séance. « Avec l’aide de Dieu, disait Windthorst en descendant de la tribune, je me suis gaillardement tiré