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le Saint-Siège à retirer les noms de cinq ecclésiastiques proposés pour des cures, et dont l’Etat ne voulait point. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ; » tel était le thème du mandement par lequel Redner prenait possession de l’évêché de Culm ; Klein, qui venait de monter sur le siège de Limbourg, défendait à son clergé de manifester contre le septennat ; et Dinder, à son tour, interdisait à ses prêtres, — aux curés de la Pologne, — d’accepter des mandats législatifs. Bismarck ainsi pouvait jouer contre le Centre, non seulement des notes pontificales, mais de certaines paroles épiscopales.

Les Grenzboten, sous l’impulsion du chancelier, chapitraient sévèrement « la démocratie des chapelains » qui, malgré les hauts prélats, persistait à remuer : on y commentait avec malveillance l’appel qu’avaient publié dans le Mercure Westphalien 92 prêtres ; et l’on reproduisait, — à moins qu’on ne l’inventât, — ce mot d’un vicaire badois, dont on citait le nom : « Le Pape est une vieille grand’mère : les vieilles grand’mères ont beaucoup de désirs qu’on n’accomplit pas ; s’il se présentait, nous ne voterions pas pour lui, c’est un Italien. » Bismarck tenait à l’honneur du Pape, à sa dignité de souverain international : ses journaux affectaient de trouver étrange qu’on traitât le Pape d’Italien. Ils agençaient les faits, organisaient les preuves ; ils visaient à convaincre Léon XIII, peu à peu, que cette Église d’Allemagne était scandaleusement insubordonnée, mais qu’heureusement Bismarck était, lui, tout prêt à joindre sa poigne à celle du Pape, pour mettre un terme à la dictature des chapelains, à cette dictature émancipée que la presse bismarckienne baptisait d’un nom barbare : la « Caplanocratie. » Le programme d’un parti purement religieux, obéissant militairement au Pape, et ne s’occupant pas de politique, s’étalait avec une naïveté prolixe, dans les colonnes de ces mêmes Grenzboten qui, durant le Culturkampf, avaient reproché au Centre de subordonner à des préoccupations confessionnelles tous ses votes politiques. Quant à la Germania, organe du parti, un grave reproche lui était adressé : elle était accusée de chercher à soulever contre Léon XIII, « ami de Bismarck, » la haine des Français : on eût dit que la presse bismarckienne, non contente de représenter le Centre comme un dissolvant de l’Eglise d’Allemagne, aspirait à le faire passer pour un dissolvant de l’Eglise universelle.

Busch, le 27 janvier, demandait à Bismarck : « Où en êtes-vous