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ajoutait : « Si le Pape juge que le Centre n’a plus raison de subsister, que le Pape daigne le dire : en ce cas, la majorité de mes collègues et moi refuserions tout mandat. »

Jacobini répondit le 21 janvier : sa lettre était adressée à Di Pietro, mais le cardinal stipulait qu’elle devait être communiquée à Franckenstein et, par lui, aux députés du Centre. Il rendait hommage aux services de ce parti. L’action parlementaire des catholiques lui paraissait toujours nécessaire, et cela pour trois raisons : d’abord, pour achever l’abrogation des lois de Mai et surveiller l’exécution des lois qui les remplaçaient ; puis pour faire face aux éventuelles persécutions, toujours possibles, disait Jacobini, « dans une nation mixte où le protestantisme est considéré comme religion d’État ; » enfin pour défendre à l’occasion, vis-à-vis des pouvoirs publics, les vœux des fidèles en faveur de l’indépendance temporelle du Pape. Le cardinal secrétaire déclarait qu’à Rome on avait toujours laissé au Centre, considéré comme parti politique, une pleine liberté d’action. D’après lui, c’était pour des raisons d’ordre religieux et moral que le Pape avait désiré le vote du septennat ; elles se groupaient sous trois chefs : il s’agissait, d’abord, de hâter et d’étendre la révision des lois de Mai ; puis d’enchaîner la Prusse au Saint-Siège par une dette de gratitude dont le Centre et les catholiques eussent bénéficié ; enfin de faire incliner le puissant Empire allemand vers la pensée d’améliorer un jour la situation du Pontificat romain. Deux explications, en trois points chacune, tel était le message de Jacobini. Après cette apologie des suggestions politiques qu’avait hasardées le Vatican, le cardinal, sans y insister, sans les renouveler, posait sa plume. Le Centre n’était l’objet d’aucun blâme formel ; et la question qu’avait posée Franckenstein : Devons-nous durer ? était tranchée par trois considérations, qui toutes trois concluaient : Vous devez durer.

« Ce Centre ! ce Centre I Le Pape ne va-t-il pas relever sa soutane et retrousser ses manches pour empoigner ces gens-là ? » C’est le futur Guillaume II qui, dans une lettre au cardinal de Hohenlohe, s’abandonnait à cet accès de rage. Léon XIII ne les empoignait pas ; il se contentait de dire bientôt à Lefebvre de Béhaine, avec une nuance d’amertume : « S’il doit arriver à l’Église en Allemagne de nouveaux malheurs, la faute en sera au Centre, qui n’a pas su comprendre ma pensée. » Mais Bismarck, lui, mit un certain acharnement à faire jeter contre les