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Léon XIII parviendrait à atténuer ces inconvéniens. On les sentait respectueusement mécontens.

Ils avaient un dessein, aussi, dans la longue phrase où ils célébraient la dextérité, le courage et la constance du Centre, et où ils affirmaient que ce parti, appuyé sur l’autorité du Pape, continuerait à défendre les droits de l’Église. A côté de la presse bismarckienne, qui ricanait sur le Centre mis en disponibilité, ils avaient l’évident souci de rappeler à la mémoire de Léon XIII que le Centre était à sa disposition. Ensuite les évêques formulaient leurs vœux pour la prochaine besogne législative. Ils demandaient que tous les évêques, même ceux qui avaient, dans leurs diocèses, des facultés de théologie, pussent établir des séminaires ; qu’on y pût élever des clercs étrangers au diocèse, et confier l’enseignement à des professeurs qui avaient fait leurs études hors d’Allemagne. Quant à leurs autres vœux, qu’ils détaillaient, ils se résumaient en un seul : l’abrogation de toutes les lois de 1873, 1874, 1875 et 1876, hormis celle sur l’administration des biens d’Église, dont ils ambitionnaient, simplement, une modification radicale ; ils insistaient pour que la Prusse se rouvrît aux ordres religieux, et pour que les congrégations de femmes recouvrassent le droit d’enseigner. Léon XIII savait, désormais, toute l’étendue de leurs revendications.

« Gardez ferme votre enthousiasme, criait de son côté Windthorst aux congressistes catholiques de Breslau, agissez en conséquence, et ne nous laissez pas en plant si nous avançons. » Il les appelait à une action électorale en faveur du rappel des ordres religieux, de tous les ordres, insistait-il. Il reconnaissait que « grâce aux efforts du Pape, grâce au cœur paternel de l’Empereur, un pas s’était accompli, et que, pour être corrects envers le Pape, corrects envers l’Empereur, les catholiques devaient le proclamer hautement. » Mais il ajoutait sur un ton de défi : « Il y a des gens qui m’ont dit que maintenant nous pourrions bien nous taire. Cette recommandation est inutile jusqu’au rétablissement de l’état de choses antérieur au Culturkampf. » Pendant que les diplomaties travaillaient, et que de leurs pourparlers des projets de loi résultaient, Windthorst adjurait les catholiques de ne pas se reposer, mais de prier et d’agir.

Il leur indiquait, aussi, un but vers lequel se portait toujours la pensée de Léon XIII : c’était le rétablissement des garanties temporelles nécessaires à la liberté spirituelle du