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un télégramme. Ce n’était ni un conseil ni une prière ; c’était une définition de la situation : la seule chance pour que la Chambre agréât les amendemens Kopp était que Rome, dès maintenant, fit, d’un seul coup, la concession totale. L’évêque parlait ainsi, non pas seulement en son nom, mais au nom de trois autres commissaires et de deux députés du Centre au Reichstag. De fait, le 27 mars, les Seigneurs renvoyaient à la commission le projet de loi et les amendemens ; et ceux-ci, le 30 mars, succombaient, une fois encore, devant la commission : les pronostics de Mgr Kopp et de ses amis, transmis télégraphiquement au Pape, se vérifiaient. Après cette dépêche en survint, à Rome, une de Schloezer, que Bismarck avait appelé à Berlin pour qu’il y suivît les débats parlementaires : le ministre de Prusse télégraphiait à Jacobini que les offres du 26 mars étaient insuffisantes, et qu’il fallait, tout de suite, pour gagner au projet de loi la majorité des Seigneurs, que le droit d’avoir communication des noms des curés fût reconnu à l’État d’une façon permanente. La presse libérale, en ces jours d’indécision, se montrait fort nerveuse : « Une fois de plus, criait la Gazette nationale, les Allemands sont joués par les Romains. » Mais la presse du Centre proclamait au contraire : « Mieux vaut une reprise d’hostilités qu’une paix qui soit une lâcheté. »

Le 8 avril, il y eut du nouveau : Gossler, ministre des Cultes, transmit au président de la Chambre des Seigneurs, avec mission d’en donner connaissance à ses collègues, une note de Jacobini, datée du 4 avril : le cardinal demandait que le projet fût complété et qu’ainsi fût rétablie la paix religieuse par une révision complète des lois ; mais prévoyant que peut-être pour l’instant cette révision n’était pas immédiatement réalisable, il déclarait que le Saint-Siège, une fois informé qu’elle aurait lieu dans un très prochain délai, établirait pour l’avenir, d’une façon définitive, l’obligation pour les évêques de présenter les noms des curés. Gossler, en communiquant cette note, redisait que le ministère n’avait pas encore un avis ferme au sujet des amendemens Kopp. Plusieurs déterminations étaient possibles ; avant d’opter entre elles, on étudierait, par les débats parlementaires eux-mêmes, les diverses répercussions qu’elles pourraient avoir sur la situation politique intérieure.