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projet fut déposé. Windthorst n’était rien, dans cette Chambre-là ; et le roi de Prusse venait d’y faire entrer un évêque, Mgr Kopp, qui saurait dire à la Prusse ce que le Pape voudrait et dire au Pape ce que la Prusse pourrait.

Timeo Danaos et dona ferentes, murmurait une feuille du Centre à la nouvelle que Mgr Kopp acceptait ce délicat honneur ; elle lui rappelait que le prince-évêque, Diepenbrock, avait jadis été d’avis que l’épiscopat se tînt à l’écart des assemblées parlementaires. Mais les temps avaient changé, et le rôle qui attendait Mgr Kopp était un rôle que, seul, un prélat pouvait jouer. Jusqu’au rétablissement de la paix, les discussions religieuses vraiment importantes ne devaient plus avoir lieu dans la Chambre basse, où les intérêts catholiques avaient pour avocat Windthorst, mais dans la Chambre haute, où Mgr Kopp était introduit par la Prusse elle-même, tout exprès pour les défendre ; et, lorsque la Chambre haute nomma une commission pour étudier le projet de loi, Bismarck s’arrangea, au grand mécontentement de Windthorst et de Schorlemer-Alst, pour qu’aucun membre n’y fût nommé qui eût des liens avec le Centre prussien, ou avec le Centre du Reichstag.

Tenir ces hommes du Centre à l’écart des négociations : telle avait été, dès 1878, la volonté bismarckienne, expliquée par le comte Holnstein au nonce Masella ; elle triomphait aujourd’hui, et l’allégresse même de ce triomphe devait donner à Bismarck plus d’aisance condescendante, plus de souplesse volontaire, pour écouter Léon XIII, s’incliner et transiger. L’exposé des motifs, qui précédait les articles du projet, insinuait que le gouvernement aurait voulu, depuis deux ans, les proposer ; mais qu’il avait craint de paraître céder aux « attaques, aux menaces, aux dures paroles » de certains députés. Bismarck, par un raffinement de malveillance, semblait ainsi signifier à Windthorst : Si la paix est en retard de deux ans, c’est grâce à vous.


II

Les Seigneurs n’étaient pas seuls à recevoir connaissance du nouveau projet de loi ; le Saint-Siège, à son tour, en était saisi par Schloezer. En ce qui concernait l’éducation du clergé, le projet supprimait pour les clercs l’obligation de suivre pendant