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comme il suit entre les quatre provinces : Ulster 59 membres, Leinster 41, Munster 37, Connaught 25 ; le total se complète par les deux représentans de l’Université de Dublin. Quant au Sénat, — c’est le nom qu’on donne à la seconde Chambre, — il comptera 40 membres et, dans le projet primitif, il était stipulé que ces membres seraient nommés par le gouvernement impérial, mais que, dans la suite, le droit de les choisir passerait à l’exécutif irlandais. On va voir tout à l’heure comment, sur ce point, un changement considérable a été introduit par M. Asquith, pendant la discussion des articles.

Le pouvoir exécutif appartiendra au lord lieutenant et à son ministère, qui sera choisi dans le Parlement et responsable devant lui. Inutile d’ajouter que les attributions du pouvoir exécutif porteront exclusivement sur les mêmes objets que celles du Parlement lui-même. Toute réclamation contre les décisions du pouvoir législatif ou contre les actes du pouvoir exécutif sera portée devant la Haute Cour de Dublin, et, en cas d’appel, devant le Conseil privé d’Irlande.

En ce qui touche les finances, la nouvelle constitution s’écarte très sensiblement des deux projets de Gladstone. Sans entrer dans les détails, je dirai seulement que les sacrifices prévus en faveur de l’Irlande de la part du Trésor impérial sont beaucoup plus considérables qu’en 1886 et qu’en 1893. L’esprit qui préside à ces arrangemens financiers est à la fois plus pratique et moins optimiste que dans les précédentes circonstances. Il en coûtera une cinquantaine de millions de francs par année à l’Angleterre pour mettre à flot le budget irlandais. Peu à peu, on espère que l’Irlande, si elle est prospère et, surtout, si elle est sage, reprendra à sa charge toutes les dépenses additionnelles et suffira à tous ses besoins.

Le bill de 1886 excluait la représentation irlandaise de Westminster ; le bill de 1893, au contraire, y maintenait 80 députés de l’ile-sœur. Les législateurs de 1912 se sont tenus à mi-chemin entre les deux solutions. Mesurant la collaboration de l’Irlande à sa part dans les dépenses et dans les intérêts de l’Empire, ils appellent 42 députés irlandais à siéger dans le Parlement de Westminster. Ils comptent, apparemment, que la gratitude attachera ces députés au parti qui leur a donné l’indépendance.

Tels sont les traits principaux de la nouvelle Constitution, et il est curieux d’observer avec quelle indifférence apathique elle