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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE NOUVELLE BIOGRAPHIE
DE LA REINE CAROLINE DE BRUNSWICK.


An injured Queen, Caroline of Brunswick, par Lewis Melville, 2 vol. in-8, illustrés ; Londres, librairie Hutchinson, 1912.


J’avais l’occasion de rappeler ici tout récemment encore, à propos de la publication d’un très précieux album de peintures d’Holbein, l’aventure tragi-comique de cette princesse Anne de Clèves, dont le portrait est aujourd’hui l’une des gloires de notre Louvre. Désirant se choisir une quatrième femme, en remplacement de Jane Seymour qui venait de mourir, et fort ennuyé du refus de la délicieuse Christine de Danemark qui, disait-elle, aurait consenti volontiers à devenir reine d’Angleterre si elle avait eu deux têtes sur ses épaules au lieu d’une seule, le roi Henri VIII avait envoyé à la cour de Clèves son peintre favori, afin de connaître par lui la figure de la plus « épousable » des autres princesses protestantes qu’on lui avait signalées. Mais il était arrivé qu’Holbein, avec son habitude de ne traduire que très discrètement l’expression intime des visages qu’il avait à peindre, avait rapporté de Clèves une image où son royal patron n’avait pas su découvrir maintes traces, — qui s’y lisaient pourtant, mais à peine indiquées, — du caractère véritable de la froide et maussade Anne de Clèves : si bien qu’Henri VIII, après l’avoir épousée par procuration sur la foi du portrait, avait reconnu aussitôt, en la voyant, l’impossibilité pour lui de la garder près de soi. Impossibilité qui, d’ailleurs, avait eu pour la princesse ainsi répudiée les conséquences les plus heureuses : car non seulement elle lui avait permis