Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/925

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE MIRACLE DU LYS


Au pied du Mont Carmel, souvenir émouvant,
On voit, ensevelis dans l’ardente poussière,
Les cyprès et les croix d’un ancien cimetière ;
Là dorment les Latins sous le ciel du Levant.

Après le rude été, rien n’y semblait vivant
Qu’une gerbe de lys, blancs comme la lumière.
Qui, beaux et délicats, jaillissaient d’une pierre ;
Leur fraîcheur se riait du soleil et du vent.

De quelle pâle chair avait germé leur tige ?
Quel printemps et quelle aube annonçait ce prodige ?.
Et toi, cœur consumé par l’implacable feu,

De ta cendre, une fleur peut-elle naitre encore !’
Vas-tu t’épanouir, à la gloire de Dieu,
Dans un amour céleste et pur comme l’aurore ?

LE LAURIER


Alentour, le soleil flambe, le vent halète ;
Ici, des arbres verts bravent l’été de feu ;
Voici de l’herbe, un chant de source, un miroir bleu.
Embaumé par la menthe et par la violette.

Ce n’est pas pour l’eau vive où le ciel se reflète,
La couche de gazon qui semble attendre un dieu.
Les platanes géans que j’aime tant ce lieu.
Fraîche oasis parmi les pierres de l’Hymette.

Mais si tu veux savoir quel charme en ce ravin
Rend l’air délicieux, le silence divin,
Viens près de ce laurier, luth vivant qui soupire ;