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Afin que descendent ensemble
Sur celui qui prie ou qui tremble,
Sur les faibles et sur les forts,
Sur tous ceux dont le front s’incline,
La miséricorde divine,
La bénédiction des morts !


L’OASIS DE DAMAS


Après l’ardent désert, les monts rudes et beaux
Dont les roses sommets semblent de grands flambeaux,
Et les âpres ravins, nus comme des tombeaux.

Voici les frais vergers pleins d’ombre et de ramures
Où dans l’eau jaillissante, aux enivrans murmures.
Se mirent le ciel clair et les grenades mûres.

Voici Damas avec sa foule de passans,
Sa cohue et son bruit sans cesse renaissans,
L’odeur des abricots, du musc et de l’encens.

Dans les souks où l’air vibre, où le sol blanc poudroie
Sur les cuirs bigarrés, les étoffes de soie,
Le vif soleil répand sa lumière et sa joie.

Il fait luire le verre et l’ambre des colliers,
Le cuivre martelé des pesans chandeliers,
L’amulette qui pend au sac des chameliers.

Majestueux, parmi pastèques et tomates,
Les chameaux, balançant leur long cou sur leurs pattes,
Reviennent du désert tout chargés d’aromates.

En respirant l’étrange ot suave senteur.
J’entends si tristement chanter leur conducteur,
Et ta plainte me touche, o sauvage chanteur !