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POÉSIES


POUR LES CLOCHERS

Un seul chant a jamais calmé l’angoisse humaine :
Nous partons du matin pour aller à la nuit
Et nous ne savons pas où le chemin nous mène ;
Un seul espoir nous illumine et nous conduit.

Dans l’ombre où la raison s’effare,
N’éteignez pas l’unique phare !...
La tombe est ouverte là-bas.
La voix qui rassure et console,
A l’heure où le sage s’affole,
Par pitié, ne l’étouffez pas !

Dans les cœurs ignorans et sous les toits rustiques,
Le désespoir, la haine ont répandu leur fiel ;
Laissez l’écho des champs répéter nos cantiques ;
Faites grâce aux clochers qui nous montrent le ciel !

Comme un colombier ses colombes,
Ils groupent autour d’eux les tombes
Et les âmes de nos défunts ;
Malgré la nuit muette et noire.
Là, nous évoquons leur mémoire
Dans la prière et les parfums.