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ROMANS PSYCHOLOGIQUES

Davidée Birot, de M. René Bazin, est un de ces romans mi-populaires, mi-petits bourgeois où M. René Bazin excelle ; c’est une histoire d’humbles. Le « milieu » est une laide et triste bourgade d’ouvriers dans les ardoisières de l’Anjou, entourée d’un paysage plat et mélancolique où il n’y a d’intéressant que le ciel. Là, n’attendez pas le mot « végète, » là vit ardemment une jeune institutrice adjointe, Davidée Birot, fille d’un ouvrier parvenu qui est violemment anti-religieux. Elle-même est incertaine au sujet de la foi ; mais elle a, comme naturellement, une âme d’apôtre.

Ce que l’auteur a voulu montrer, je ne dis pas démontrer, mais faire voir et sentir, en écrivant son histoire, c’est, d’une part, comment une âme généreuse, en présence de la misère physique et de la misère morale, devient comme malgré elle, ou plutôt sans qu’elle y prenne garde, religieuse et chrétienne ; d’autre part, comment une pure, une juste et une généreuse recueille, non pas seulement l’indifférence et l’ingratitude, mais l’animosité générale et presque unanime. Davidée Birot est absolument dévouée à ses élèves dans l’école et hors de l’école. Sa directrice la prévient des inconvéniens de l’excès du zèle. Soyez institutrice comme on est bureaucrate ; ne vous occupez que de l’école ; ignorez tout du dehors ; à vous occuper de ces gens-là vous verrez dans quels guêpiers vous mettez la tête. Mlle Davidée ne peut pas s’empêcher de faire tout le contraire de ce que lui commande sa directrice.