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concentrées sur une étroite zone de 80 à 100 kilomètres carrés de largeur perpendiculaire à la Méditerranée et longue de 300 kilomètres environ. Le relief tourmenté du Maroc fait croire à beaucoup de gens qu’il doit s’y trouver d’excellentes mines. On associe souvent, en effet, l’idée de mines à l’idée de montagnes ; cependant, le plat pays du nord de la France et de la Belgique contient de merveilleuses mines de charbon et toute la chaîne des Alpes ne semble avoir aucune richesse minière. En tout cas, des syndicats internationaux puissans sont en quête de mines marocaines et se tiennent tout prêts à les exploiter s’ils en découvrent.

L’organisation du protectorat au Maroc, dans la période prochaine, doit être aussi simple que possible. Assurer la sécurité, faire régner la justice, autant que les circonstances le permettent, ne pas violenter ni froisser les habitans et leurs préjugés, effectuer à bon compte et avec méthode les travaux publics que nous avons énumérés : attendre le reste du temps et de l’initiative des Européens, particuliers ou sociétés.

Nous entretenons actuellement 18 000 hommes environ au Maroc, dont une dizaine de mille sur la rive droite de la Moulouïa. La modestie de cet effectif que l’on peut augmenter légèrement, mais non doubler, ni même accroître de moitié, nous impose une grande prudence. De même, d’après M. Poincaré, nos sacrifices d’argent étaient évalués au début de l’année en cours à 70 à 80 millions par an. Heureux serons-nous s’ils se trouvent limités à cette somme durant une douzaine d’années !


V

Une œuvre de la plus grande urgence qui s’impose à la France dans l’Afrique du Nord, c’est la jonction de nos possessions méditerranéennes avec nos possessions de l’Afrique Intérieure. On ne peut trop condamner l’indifférence et la pusillanimité qui nous ont fait ajourner si longtemps une entreprise aussi aisée et relativement aussi peu coûteuse que celle d’un chemin de fer transsaharien. Ces retards inexplicables que n’auraient eus ni les Américains, ni les Anglais, ni les Russes ont fait que nous détenons dans l’Afrique, en face de la France, les tronçons dispersés d’un Empire et non pas un Empire ; les morceaux,