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métropole, et montant actuellement à une quinzaine de millions par an, consiste dans la garantie d’intérêts aux lignes ferrées algériennes ; par un arrangement avec la colonie, on est convenu que cette garantie décroîtrait d’une somme qui, pour les années en cours, est de 400 000 francs par an ; cette dépense s’atténue donc et disparaîtra dans un certain nombre d’années.

Depuis la création en 1901 du budget spécial à l’Algérie et l’octroi à cette contrée d’une relative autonomie, la situation financière du pays, grâce aussi à un ensemble de circonstances économiques favorables, s’est sensiblement fortifiée : les recettes propres, qui jusque-là flottaient entre 45 et 50 millions de francs, S3 sont élevées au delà de 80 millions (recettes d’ordre et subventions métropolitaines non comprises) ; les budgets algériens se soldent en général en excédent. La colonie peut emprunter sans garantie de la métropole. Tout cela est satisfaisant, et l’on peut dire, ce qui, il est vrai, n’est qu’un éloge insuffisant, que les finances algériennes sont beaucoup mieux menées que les finances métropolitaines.

Ainsi, au premier point de vue auquel on doit se placer pour juger l’œuvre de la France dans l’aînée de nos colonies nord-africaines, le point de vue politique et financier d’Etat, on peut conclure que, après bien des tâtonnemens, en partie excusables, des erreurs ou des fautes nombreuses, on est arrivé, depuis le début du XXe siècle, à une situation très honorable pour notre pays et offrant des garanties sérieuses pour l’avenir.

Au point de vue économique, qui est le second auquel il convient de se mettre, notre œuvre algérienne a passé par des péripéties analogues : de l’enthousiasme initial, du découragement et, sinon de la stagnation, du moins une certaine lenteur de développement ; enfin, depuis quelques années un épanouissement incontestable. On sait que les 50 ou 60 millions d’hectares du sol algérien, suivant la largeur de la partie désertique que l’on veut y comprendre, sont d’une valeur culturale beaucoup plus inégale que ce n’est le cas des territoires de l’Europe Occidentale. La division empirique de l’Algérie, en région du Tell, région des hauts plateaux et zone saharienne, est bien connue : la dernière comprend la plus grande partie des 50 à 60 millions d’hectares qu’on attribue, suivant les calculs divers, à notre colonie. La longue, mais étroite bande de terre, dite le Tell, qui s’étend sur tous les rivages de l’Algérie entre la mer