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LA FRANCE DANS L’AFRIQUE DU NORD


I

Quatre-vingt-deux ans se sont écoulés depuis que, le 14 juin 1830, l’armée française, attirée par une accumulation de vieux griefs et par une insulte au représentant de la France, débarqua à Sidi-Ferruch, la ville d’Alger devant capituler trois semaines plus tard, le 5 juillet, et le reste de l’Algérie devant être laborieusement conquis durant une période de dix-sept ans, si l’on considère la reddition d’Abd-el-Kader en décembre 1847 comme le terme de la conquête, ou de vingt-sept ans, si l’on n’en place la clôture qu’à la soumission de la Kabylie en juin 1857. La France se trouvait avoir ainsi annexé, juste en face de ses rivages méditerranéens, une contrée dont l’étendue de côtes dépasse un millier de kilomètres, dont la superficie, suivant la part de terrain désertique qu’on y joint, varie entre 500 000 et 600 000 kilomètres, et dont la population paraissait être alors de 2 millions à 2 millions 1/4 d’habitans.

Bien plus simple et plus rapide fut, un demi-siècle plus tard, la prise de possession de la Tunisie par la France. Des incidens divers, le pillage d’un navire français naufragé sur la côte, des violations de notre territoire algérien par de petites bandes de la tribu, la veille inconnue et devenue subitement historique, des Kroumirs, un déni de justice à propos de l’achat d’un immense domaine indigène par une société française, s’ajoutant à une série de griefs antérieurs, amenèrent en avril 1881 les troupes françaises dans la Régence de l’Est ; elle fut occupée, dans toute