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steeple-chase, font des arrivées sur la pelouse du commandement.

Ici se repose, dans toute son étendue, le problème de l’avancement. On sait que, législativement, il n’a reçu encore que des solutions biaises, boiteuses, toutes de guingois, et que, livré par là à l’empirisme, il a conduit dans la pratique à des erremens injustes et à des traitemens d’inégalité. Les grosses promotions de Saint-Cyr, celles qui portent les noms d’Alexandre III (1896), de Tananarive (1897), des Grandes Manœuvres (1898), de Bourbaki (1899), de Marchand (1900), sont celles dont les officiers attendront quatorze ans le troisième galon. Celles des années suivantes seront moins malheureuses. Celles d’à présent ne passeront que huit ans dans les deux premiers grades et profiteront dans les autres du débouchage que la cruelle limite d’âge produira, en frappant devant eux des camarades sacrifiés.

Pourquoi ces vaches grasses et ces vaches maigres, comme dans le songe du Pharaon ? Pourquoi, dans notre armée, des lieutenans aigris, lassés, puis, demain, des capitaines de moins de trente ans ? Parce que le statut organique a été trop souvent et trop imprudemment remanié, parce que l’application faite de cette loi changeante a été elle-même sans système et sans précaution. La loi nouvelle apporte son remède au mal, mais non pas un remède souverain, car on ne peut administrer aujourd’hui la péréquation sans s’exposer aux mêmes erreurs dont l’infanterie a déjà souffert, avant d’avoir été péréquationnée.

Que serait-ce pour elle qu’une poussée d’avancement, après laquelle elle retomberait dans le marasme et d’où elle n’aurait rien retiré, qu’un barbarisme militaire de plus? Qui sait même si, derrière le nouveau vocable, des idées dangereuses n’auraient pas fait leur chemin ? N’écrivait-on pas l’autre jour que « la péréquation des grades avait pour conséquence nécessaire le principe de l’indépendance du grade et de la fonction ? » Qu’est-ce donc que ce prétendu principe ? Qui ne voit qu’il n’est ni juste, ni républicain, et que, chez nous, la seule base de l’autorité est dans une correspondance exacte du grade avec la fonction ?

Fuyons donc le terrain des principes et disons qu’une fois la question législative résolue, une question d’application se posera, toute de mesure, de tact et d’à-propos. Le cadre ancien et le cadre nouveau, le personnel qu’on a et celui qu’on voudrait