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sèches, et ne peuvent plus reverdir ; on ne saurait, de ces brindilles et de ce bois mort, faire le cadre fort dont nous avons besoin. Les mêmes nécessités s’imposent donc aujourd’hui qu’il y a vingt ans, lorsque M. de Freycinet jetait les bases de l’encadrement des réserves, et la loi elle-même y revient, après avoir essayé de s’y dérober.

Le projet ministériel du 30 novembre 1907 avait rayé des tableaux d’effectif les 2 officiers supérieurs, les 8 capitaines, les 4 lieutenans, prévus par la loi de 1893, et créé à la place six emplois d’officier, rattachés à l’état-major du régiment. Le projet du 20 décembre 1911 rétablit au contraire le mot, par la raison qu’on ne peut supprimer la chose, et s’arrête à l’idée d’un cadre complémentaire ainsi composé : 3 officiers supérieurs, 6 capitaines, plus aucun lieutenant.

Ce cadre, complété au besoin par des officiers retraités restés à la disposition du ministre, permettra de placer dans tous les cas, à la tête des unités de réserve, des capitaines et des commandans ayant servi dans leur grade à la tête d’unités actives. C’était là le principe même posé en 1893. Quant au commandement des sections, le projet ne l’abandonne pas non plus tout entier au personnel de la réserve, mais il en attribue une part aux adjudans-chefs, qu’une circulaire ministérielle récente appelle à l’existence et qui viendront prochainement se placer, dans nos unités actives, entre les adjudans et les sous-lieutenans.

Peu s’en fallut que la création de ce nouveau grade ne fit reparaître dans la langue le vieux nom d’enseigne, disparu avec les armées de la royauté. Dans notre ancienne infanterie, l’enseigne était l’officier intérieur des compagnies, et sa position propre y était bien caractérisée par la prétention qu’élevèrent plus d’une fois les capitaines, de pouvoir casser leurs enseignes d’eux-mêmes, et sans attendre la décision du roi. Le rôle correspondant au grade n’était donc, avant la lettre, que celui même qu’il s’agit aujourd’hui d’élargir et que les ordonnances de 1816 et de 1818 avaient introduit dans les règlemens, sous le nom d’adjudant sous-officier, puis d’adjudant.

À cette remarque près, le mot rajeuni d’enseigne paraissait heureux. Il allait devenir nôtre, quand les officiers de marine représentèrent qu’il leur appartenait aujourd’hui en propre, et qu’ils désiraient ne pas s’en dessaisir. On en chercha un autre.