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classait pour ordre à la suite des régimens. Le ralentissement de leur avancement était devenu tel que, de onze ans en 1897, l’ancienneté nécessaire pour s’élever au grade suivant dépassait quatorze en 1911. Elle s’abaisse légèrement en 1912, par l’effet de diverses menues causes : remplacement immédiat des capitaines retraités par anticipation ; mises hors cadres, au titre de l’aviation et des écoles ; extension de la police marocaine ; application de la loi du 11 avril 1911 sur la réserve spéciale. Mais, selon les calculs de l’Opinion militaire, elle doit se relever ensuite et dépasser quinze ans en mars 1914.

La connaissance de cet état de choses et le souci de ménager des chances meilleures aux officiers qui entrent en ce moment dans la carrière, sont parmi les motifs qui ont porté l’Administration de la Guerre à réduire systématiquement les dernières promotions. Et sans doute, il est fâcheux de ne pouvoir remédier au vieillissement que par le déficit ; mais si cette nécessité est regrettable, on ne saurait dire à qui la responsabilité en incombe, ni en faire reproche à qui que ce soit.

Les généraux directeurs de l’infanterie pensaient agir au mieux de l’intérêt de leur arme, quand ils se hâtaient de compléter le cadre organique de 1897. Ils ne faisaient pas autre chose que ce que les généraux directeurs de l’artillerie venaient justement de faire, quelques années auparavant, pour doter de trois lieutenans l’ancienne batterie à six pièces du canon de 90. Les uns ni les autres ne prévoyaient le rétrécissement du cadre qui s’est produit quand la batterie n’a plus eu que quatre pièces, donc deux sections, et quand le régiment d’infanterie subdivisionnaire s’est trouvé réduit à trois bataillons. Mais leur particularisme d’arme aurait pu utilement être contrôlé par une autorité plus haute, par exemple celle du chef d’état-major de l’armée, si le jeu de nos institutions militaires avait présenté alors l’unité et la centralité qui le caractérisent aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit du passé, il importait d’améliorer sans retard la situation présente et d’ouvrir quelques débouchés à ces officiers arrêtés devant la porte des différens grades, comme devant des défilés trop étroits : on proposa la « péréquation. » Cette solution n’est ni la seule, ni peut-être la plus satisfaisante ; d’autres lui préfèrent un emploi plus large des retraites et des congés, un émondage et un élagage constans ; appliquée avec mesure, elle n’est pas moins susceptible d’exercer un effet