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Les remèdes à cet état de choses ne pouvaient consister que dans des réductions ou des redistributions d’effectif à l’intérieur de l’armée. La suppression des quatrièmes bataillons s’imposait tout d’abord. L’adoption d’un chiffre-base nouveau, inférieur à la fixation de 1887, venait ensuite, en ce qui concernait la constitution de la compagnie. Les autres propositions étaient : la création d’un état-major particulier de l’arme, la suppression du grade de caporal, un remaniement du cadre complémentaire. Enfin la caractéristique du projet résidait dans la refonte de l’artillerie, qu’on proposait de porter à 744 batteries de campagne, abstraction faite des batteries de montagne, de place et de côte.

Le décret du 4 juillet 1894 n’avait attribué à cette arme qu’un total de 628 batteries ; il s’agissait donc pour elle d’un accroissement de plus d’un tiers. Une mesure aussi importante absorba bientôt toute l’activité des réformateurs. Avant que le texte du général Picquart eût pu être discuté par la Commission de l’armée, la disjonction de l’article relatif à l’artillerie était proposée, admise, puis sanctionnée par la loi du 29 juillet 1909. Le cadre nouveau de l’artillerie se trouvait définitivement fixé à 75 régimens (62 de campagne, 11 à pied, 2 de montagne) et à 786 batteries (671 de campagne, 97 de côte et de place, 18 de montagne).

Après un long débat de presse, une minutieuse enquête parlementaire, des essais et des démonstrations contradictoires dans les polygones, les partisans de la batterie à quatre pièces l’emportaient sur les partisans de la batterie à six pièces. Ils consommaient en même temps dans l’armée la victoire du particularisme d’arme déjà consacrée au parlement par le vote du 29 juillet 1909. En effet, l’accroissement de l’artillerie par le nombre des pièces et l’attribution à chaque batterie de six canons au lieu de quatre, n’aurait rien coûté quant aux effectifs <lu temps de paix : le noyau de personnel existant — 103 hommes — permettait de servir six canons, et la batterie de guerre pouvait sortir de ce noyau par une opération normale de mobilisation. Au contraire, l’accroissement par le nombre des batteries exigeait un prélèvement de personnel sur le fonds commun du contingent.

Les batteries avaient beau se faire toutes petites et, de 103 hommes, descendre à 90 hommes : pour en former 160, il