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officiers et des sous-officiers, leur recrutement et leur avancement, donnant en un mot à l’armée de la République la charte fondamentale qui lui manque jusqu’à présent.

C’est en vain, en effet, que la loi du 24 juillet 1873 avait posé que la constitution, la force, et les cadres de l’armée seraient fixés législativement. Elle pensait par là remédier aux abus anciens, liés aux pleins pouvoirs de l’Exécutif, et couper court aux renvois anticipés d’hommes, aux mises d’officiers à la suite, aux à-coups dans les promotions, à tout ce qui arrête l’avancement et sème dans l’armée le découragement. Mais depuis, l’instabilité et la multiplicité des dispositions législatives avaient réintroduit tous ces erremens. A peine le statut militaire général du 13 mars 1875 était-il voté que les retouches commençaient. Retouche du 25 juillet 1887, suppression à cette date des quatrièmes bataillons dans les 144 régimens de l’organisation de 1875. Retouche du 15 juillet 1889, réduction du temps de service à trois ans. Retouche du 4 mars 1897, rétablissement des quatrièmes bataillons dans les 144 régimens subdivisionnaires. Retouche du 21 mars 1905 et, cette fois, conséquences plus vastes, ébranlement plus profond, nécessité de soutenir notre train militaire par de nouveaux efforts budgétaires et des mesures de réorganisation.

C’est à ce devenir perpétuel qu’il fallait mettre un terme, c’est ce sol mouvant qu’il fallait consolider, pour y poser enfin une assise légale et construire dessus définitivement. Malheureusement, les circonstances de cette même année 1905 furent peu favorables à la sécurité et au recueillement qu’une réforme de cette ampleur aurait exigés.

La réponse de l’Europe à nos vœux pacifistes fut telle qu’il fallut songer à la guerre et regarder d’un peu près nos approvisionnemens. Occupée quelque temps à cet examen, l’attention du gouvernement ne revint au problème militaire organique qu’en 1907. Le 30 novembre, le ministre de la Guerre, alors le général Picquart, remettait sur le bureau de la Chambre une loi des cadres commune aux trois armes et qui présentait dans un seul tableau les données nouvelles de leur organisation.

Un premier paragraphe faisait ressortir la décroissance numérique de nos forces actives. Le 1er janvier 1908, le total des hommes armés ne devait être que de 534 000, inférieur de 45 000 à ce qu’il eût été sous la précédente loi de recrutement.