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VI

Pendant toute cette journée, aucun bien n’avait été réalisé politiquement, et beaucoup de mal avait été préparé. Au contraire, dans l’ordre militaire tout ce qui s’était opéré avait été excellent. Les mesures, proposées par Dejean, et votées par le Conseil dans la nuit et dans la matinée du 7 août, étaient en pleine exécution : les troupes de marine appelées par Rigault de Genouilly, la cavalerie et l’infanterie, rappelées du Midi par Dejean, s’acheminaient en hâte vers Paris ; la formation des quatrièmes bataillons était poursuivie activement.

Louvet, ministre du Commerce, formait une commission dont firent partie Dumas le savant, Chevreau, Darblay le grand minotier et Perrier, l’Intendant chargé des subsistances militaires à Paris ; sa mission était d’assurer l’approvisionnement de la ville pendant quarante-cinq jours. Le personnel de la Ville, celui des Ponts et Chaussées et des Mines étaient requis et organisés militairement ; 549 000 kilos de poudre à canon étaient ramassés au Mont-Valérien, à Meudon, à Vincennes ; on fabriquait des cartouches pour chassepots, mitrailleuses et canons de campagne. Les communications télégraphiques s’organisaient, les carrières se transformaient en ouvrages de défense.

Le général Chabaud-Latour se montra digne de notre confiance. Il accomplissait sa mission avec une activité infatigable et une intelligence supérieure. Par ses soins les embrasures des pièces constituant l’armement de sûreté étaient ouvertes ; la construction des plates-formes et traverses commencée ; les plans des ouvrages avancés, complément indispensable des fortifications, dressés. La déclaration de l’état de siège permettant, sans se soumettre aux formalités d’expropriation, de s’emparer des terrains nécessaires, la construction de quatre forts (Gennevilliers, Montretout, Châtillon, Vlllejuif) et de sept ouvrages considérables, placés en avant des anciens forts, était mise en train ; treize portes étaient murées ; les larges débouchés de cinquante-quatre autres étaient réduits à un ou deux ponts-levis, les trois passages de rivière, les deux entrées de canaux, les neuf entrées de chemins de fer qui coupaient l’enceinte étaient garanties, les fossés, les ponts-levis rétablis, les maisons, les murs, les plantations voisines des remparts abattus, les magasins à