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cet avis ainsi lancé à la volée et dont tout le sens était dans l’intonation plus que dans les paroles, s’écria : « Et les armées de la France, que sont-elles ?

Les révolutionnaires ne se contentaient pas d’une joie inactive ; ils s’étaient mis aussitôt au travail. Tout ce monde bourdonnant de l’hostilité systématique suppléait à son petit nombre par le bruit qu’il faisait, et bien d’autres conseils que ceux des ministres furent tenus dans cette journée. Les députés de la Gauche arrêtèrent un programme d’action en quatre articles : — 1° Renversement du Ministère. — 2° Réclamation d’armes pour tous les citoyens, surtout de Paris. — 3° Abandon du commandement de l’armée par l’Empereur et son remplacement par Bazaine. — 4° Nomination d’un conseil de gouvernement pris dans le Corps législatif.

Mais ces messieurs, très intempérans dans leurs paroles couvertes par l’impunité parlementaire, l’étaient beaucoup moins dans leurs actes exposés aux sévérités de la justice. Ils ne couraient aucun risque à étaler les trois premiers articles de leur programme, car s’ils tendaient à préparer une révolution, en eux-mêmes ils n’étaient pas révolutionnaires, mais le 4e article de leur programme était une violation flagrante de l’acte constitutionnel et tombait sous le coup de la loi. Aussi dans leur manifeste public, ils n’en firent aucune mention, et l’article fut réservé. Ils se réduisirent aux termes suivans : « Les députés soussignés sont réunis au Corps législatif. Ils réclament l’armement immédiat de tous les citoyens de Paris. Dans les circonstances actuelles, la France tout entière doit être armée et debout. »

Dans un autre bureau étaient accourues les médiocrités ambitieuses ou aigries du Centre gauche : les unes ne se consolaient pas d’avoir refusé un ministère, les autres de n’avoir pas eu à le refuser. Leur colère ne s’adressait pas à l’Empereur ; son unique objet, ardent, insatiable était le Cabinet, surtout son chef. Ils arrêtèrent de voir Schneider, de l’attirer de leur côté et d’obtenir qu’il se rendit auprès de l’Impératrice, afin d’exiger le renvoi du ministère et la constitution d’un Cabinet dans lequel Trochu entrerait comme ministre de la Guerre, tout au moins, et, si cela se pouvait, comme président du Conseil.

La Droite extrême, Duvernois, Jérôme David ne furent pas moins rapides à se mettre sur pied. Ils nous avaient dit naguère :