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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La situation s’est fort assombrie au Maroc depuis quinze jours. Sous l’imminence du danger, le gouvernement a fait, — enfin, — ce qu’il aurait dû faire depuis plusieurs mois, il a nommé un résident général et assurément il a fait un bon choix. On aurait pu, toute question de personne mise à part, préférer une autre combinaison que nous avions nous-même indiquée. Pour l’œuvre de longue haleine qu’il s’agit d’accomplir, œuvre infiniment complexe et qui touche à beaucoup d’objets différens, un résident général civil aurait présenté des avantages ; mais les circonstances ont été les plus fortes, on s’est surtout préoccupé du péril immédiat, on a couru au plus pressé et on a préféré un soldat. Dès lors le général Lyautey s’imposait. Le rôle important qu’il a joué autrefois à Madagascar sous les ordres du général Galliéni ; celui, plus important encore, qu’il a tenu pendant plusieurs années sur la frontière algéro-marocaine, où il s’est montré à la fois homme de guerre, administrateur et pacificateur ; l’inspection dont il a été chargé dans la Chaouïa au cours des opérations militaires si bien conduites par le général d’Amade ; sa profonde connaissance des hommes et des choses d’Afrique, tout le désignait à la confiance du gouvernement comme à celle du pays. Nous ignorons les instructions qui lui ont été données ; elles sont, nous n’en doutons pas, sages et prudentes ; mais ici la sagesse et la prudence consistent surtout à laisser une grande liberté d’action et d’exécution au résident général qu’on a-choisi. La situation du Maroc est de celles qu’on ne peut bien juger que sur place, et les événemens de ces derniers jours ont montré, par la surprise même qu’ils ont provoquée, combien ou la connaissait mal à Paris. Le général Lyautey n’est pas solidifie des fautes qui ont été commises ; il arrive au Maroc sans