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pacte d’amitié. Au-dessus de ces peuples habitent des Ethiopiens sauvages, dans une contrée montueuse et pleine de bêtes féroces, où le Lixus a ses sources. Ces montagnes étaient habitées par les Troglodytes, hommes d’une conformation extraordinaire et qui, à la course, surpassaient la vitesse des chevaux, à ce que disaient les Lixites. » Ici Hannon abandonnait la côte marocaine ; nous n’avons pas à le suivre plus loin.

Thymiatérion, la première colonie fondée par les Carthaginois sur le littoral de l’Atlantique, est la ville moderne de Mehediyah, à l’embouchure de l’oued Sebou, une des bases d’opérations de la colonne volante française dans sa marche sur Fez, dont les titres de noblesse remontent ainsi fort loin dans le passé. Les cinq autres colonies carthaginoises s’échelonnent entre le grand Atlas et l’oued Noun : la première d’entre elles, Karikon Teikos, est sans doute l’Agadir moderne, débouché naturel de cette fertile région du Sous, qui aujourd’hui encore, — les incidens récens l’ont prouvé, — attire autant qu’autrefois les convoitises étrangères. Le Lixus est l’oued Draa, frontière actuelle du Maroc vers le Sud ; il marque pour Hannon, comme pour nous, la limite septentrionale du grand désert.

Grâce à l’initiative hardie des Carthaginois, la route était ouverte et dès lors l’exploration de la côte marocaine fit de rapides progrès. Au ive siècle, le Marseillais Euthyménès parcourut tout le littoral jusqu’à l’Ile de Cerné ; une relation de son voyage nous a été conservée sous le nom de Périple de Scylax. Au milieu du IIe siècle, Polybe, le grand historien, refit le voyage d’Hannon, Quelques années plus tard, un aventurier, l’ancêtre direct des conquistadores du XVIe siècle, Eudoxe de Cyzique, jeté par la tempête sur la côte sénégalaise, côtoyait tout le littoral africain pour regagner les colonnes d’Hercule et la Méditerranée.

Ces diverses explorations eurent pour résultat de faire connaître la côte Atlantique du Maroc. Malheureusement, tout n’était pas science pure dans les rapports des voyageurs. Les phénomènes naturels mal interprétés, les faits géographiques défigurés par l’ignorance des observateurs avaient donné naissance aux erreurs les plus grossières et aux fables les plus ridicules. Strabon, qui décrit le Maroc au début de l’ère chrétienne, s’exprime très durement sur le compte des historiens et des géographes qui l’ont précédé : « Tout ce que les historiens,