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LA PREMIÈRE INTERVENTION EUROPÉENNE
AU MAROC


I. — LA DÉCOUVERTE DU MAROC ET L’INTERVENTION ROMAINE

Le Maroc est longtemps resté pour les Anciens le pays du mystère. La véritable découverte en a été tardive et contemporaine de la première intervention européenne, celle des Romains. A l’âge d’or de la civilisation hellénique, au temps de Périclès, les Grecs ne possédaient sur ce lointain Maroc, situé en dehors de leur sphère colonisatrice, que des données éparses et vagues. Hérodote a entendu parler d’une montagne, située à l’Ouest du continent africain et qu’on appelle l’Atlas ; il connaît les colonnes d’Hercule, indique, d’après les témoignages de voyageurs carthaginois, l’existence de pays situés sur le littoral de l’océan Atlantique et mentionne expressément, dans cette partie du Maroc, le promontoire Soloeis, aujourd’hui cap Cantin, entre les villes actuelles de Mazagan et de Safi.

Les connaissances d’Hérodote et de ses contemporains sur le Maroc se réduisaient donc à fort peu de chose. La situation du pays à l’extrémité du monde connu des Anciens ne suffit pas à expliquer ce mystère. Les premiers explorateurs du littoral, les Phéniciens, gardèrent jalousement pour eux les indications précises qu’ils avaient pu recueillir au cours de leurs lointaines croisières. C’était le meilleur moyen d’écarter les concurrens possibles ; les Phéniciens, en excellons trafiquans qu’ils étaient, ne manquèrent pas de l’employer, et leur politique