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Après Pierre de Cortone, le plus grand maitre de l’école fut le Baciccio qui, dans les pendentifs de Sainte-Agnès, a créé une œuvre toute de grâce, qui peut être citée comme l’exemple le plus parfait de l’accord d’une peinture avec la polychromie des marbres. Dans les voûtes du Gesu et des SS. Apôtres, développant l’art de Pierre de Cortone et préparant celui du Père Pozzo, il trouve ces décors plafonnans qui prolongent les voûtes et semblent les perdre dans le ciel. Le Baciccio, élève du Bernin, n’a pas les mêmes facultés inventives que Pierre de Cortone, le même art souverain de la composition, mais il a la même grâce, la même jeunesse et, dans ses figures de femmes où nous trouvons toujours la plus fidèle observation de la nature, il a su mettre une variété plus grande. Pour savoir ce que peut être l’irrésistible attrait d’une figure de femme, même après celles de Léonard et du Corrège, il faut voir les Vertus du Baciccio à Sainte-Agnès, et surtout cette Vierge qu’il peignit à San Francesco a Ripa, pour orner la chapelle construite par le Bernin en l’honneur de la Beata Albertoni.

A ce moment Florence connaît cet art décoratif, cette fleur de coloris qui s’épanouissait si brillamment à Rome. Giovanni da san Giovanni, qui semblait peindre la chair avec du lait, a décoré la Salle des Argenteries au rez-de-chaussée du Palais Pitti, peu de temps après que Pierre de Cortone eut terminé la peinture des salles du premier étage, et sans doute qu’il dut les brillantes qualités de son art à l’influence exercée sur lui par ce grand maître.

Vers le milieu du XVIIe siècle, ce style se répand dans toute l’Italie. Cette fécondité qui était sa loi première et qui exigeait tant de science, tant d’habileté, et une rapidité d’exécution que l’on ne pouvait obtenir qu’au prix d’un art un peu superficiel, c’est un Napolitain, Luca Giordano, qui va en donner la plus complète formule. : Il est impossible de ne pas regarder encore de nos jours avec le plus grand plaisir son plafond de la grande Galerie du Palais Ricardi à Florence.

A Rome, après le Baciccio, c’est le Père Pozzo qui va apparaître et donner dans sa voûte de Saint-Ignace le plus surprenant exemple des effets décoratifs que devait produire cette école. Là, avec toutes les ressources les plis subtiles de la perspective, il tente des recherches que l’on ne peut approuver complètement, mais dont l’effet est vraiment stupéfiant. Le défaut de