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et entraînée au mal. La police ne devrait pas souffrir un tel scandale. Un jeune homme de seize ans, de bonne famille, ne peut pas sortir de chez ses parens sans risque d’être pris au collet et conduit en mauvais lieu. Tous les philosophes avec leurs beaux principes nous diront que c’est nécessaire. Je ne vous demande pas d’empêcher ces femmes d’avoir une mauvaise vie, je ne vous demande pas de refréner le libertinage ; je vous demande qu’un jeune homme bien élevé et qui a de bonnes habitudes puisse se promener sans être violenté. Qu’elles l’appellent par la fenêtre, à la bonne heure ; s’il entre, c’est qu’il le veut bien. Mais je les vois tous les jours dans les rues ; elles y sont en faction.

« Il faudrait que toute femme qu’on arrête dans les rues à raccrocher fût condamnée à six mois de prison et de travail.

RÉAL. — « Il n’y a déjà pas assez de prisons.

L’EMPEREUR. — «. Il faut les établir en province dans quelques grands couvens où on les contiendra mieux qu’à Paris. Sûrement vous n’aurez pas moins de libertinage, mais au moins vous ne craindrez pas qu’un jeune homme qui quitte son précepteur et ne connaît pas le monde, soit au premier pas entraîné dans le vice.

RÉAL. — « Je demanderai à Votre Majesté de faire les établissemens avant de rendre la loi. »


Jeux

BIGOT DE PRÉAMENEU, rapporteur : Défendu de tenir des maisons de jeux de hasard.

L’EMPEREUR. — « En province, dans les grandes villes, il y a dans tous les théâtres des roulettes où les jeunes gens se perdent. »

Plusieurs difficultés s’élèvent sur la détermination des jeux de hasard. Quelques conseillers opinent pour qu’on en fasse l’énumération. On leur observe que le lendemain tous les noms seront changés.

L’EMPEREUR. — « Il faut mettre que tout jeu où on peut perdre dans la soirée plus de deux louis est défendu. »

RÉAL observe qu’il n’y a pas de jeu où on ne puisse perdre plus de deux louis. Le loto, le domino seront des jeux de hasard.

L’EMPEREUR. — « Il ne faut pas se faire tant de difficultés.