Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/383

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Loi sur les finances.

L’EMPEREUR. — « Il faut considérer cette année et l’année passée comme les plus fortes, parce que je tiens mes armées comme si j’avais la guerre à la fois avec la mer et le continent. Je puis la faire aujourd’hui à l’Autriche, la Prusse et la Russie ensemble. Je suis mieux monté que je ne l’étais à l’époque de la paix d’Amiens. J’ai jeté trente millions dans la rivière l’année passée ; j’en jetterai encore autant cette année, ou plutôt ce n’est pas jeté dans la rivière, puisqu’ils ne sortent pas de France, mais ils sont sacrifiés, et alors je ne crains rien. J’ai dans mes magasins de quoi équiper vingt mille hommes d’ici à demain sans lever un centime de plus ; c’est pour cela que je n’ai pas la guerre, parce que tout le monde sait mon compte et que je ne le cache pas. Je ne demande que mes trente mille conscrits, et avec cela je suis content. Si les affaires d’Italie ne s’arrangent pas, j’y arrive en dix jours. Je suis sur leurs frontières avant qu’ils aient acheté leurs chevaux de cavalerie, et s’ils les achètent, je fais la guerre et je les attaque. Mais je n’en lèverai point un centime de plus. Le laboureur n’en poussera pas moins sa charrue. Cela vaut mieux que de sonner le tocsin et d’afficher le danger de la patrie sur tous les clochers. »


Paris, 16 pluviôse an XIII (5 février 1805).


Loi sur les jeux.

BIGOT DE PRÉAMENEU, rapporteur, lit le projet : Maisons de jeux de hasard défendues.

RÉAL souhaite que le projet puisse réussir, mais il en doute. On jouera toujours.

L’EMPEREUR. — « De ce qu’on assassine sur tous les chemins, s’ensuit-il qu’il faut donner privilège pour assassiner ? Le gouvernement tolère les jeux. Il y a des villes où les commissaires de police en font des spéculations honteuses. Tout cela se fait en mon nom, et mon nom en est déshonoré. C’est comme les filles, c’est affreux ! Les filles ne devraient point être souffertes dans les rues. La jeunesse ne peut pas se promener sans être attaquée