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L’EMPEREUR. — « Nous sommes tous les représentans de la nation. Le premier représentant de la nation, c’est l’Empereur.

« L’Empereur, le Sénat, le Conseil, le Corps législatif et le Tribunal composent toute la machine gouvernementale. Ensemble ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Ils représentent la nation. L’Empereur, qui est le chef de tous, est héréditaire parce qu’il faut choisir entre les inconvéniens et qu’il y a moins d’inconvéniens à ce qu’il soit héréditaire qu’électif, sans quoi, il serait électif.

Le GRAND JUGE. — « Dès 89, on appelait le Roi le représentant héréditaire.

L’ARCHI-TRÉSORIER. — « Proprement, les représentans de la nation sont ceux qu’elle a choisis, ses mandataires.

L’EMPEREUR. — « Bah ! Ce sont des idées de 89 !

L’ARCHI-TRÉSORIER. — « Non, sire, ce sont des idées de tous les temps.

BÉRENGER. — « L’Assemblée Constituante était composée de représentans du peuple ; mais ces mandataires mirent bientôt leurs mandats de côté et se firent souverains. »

L’EMPEREUR demande à M. REGNAUD son avis sur le sacre.

REGNAUD. — « J’ai déjà énoncé mon opinion sur ce sujet. Ce qui me répugne, c’est l’idée de voir l’Empereur s’humilier, se prosterner.

(Murmures. Plusieurs voix : Devant Dieu !)

L’EMPEREUR. — « Ah ! devant l’autel ! C’est plus important que vous ne croyez, surtout pour toutes les puissances, et aussi pour l’intérieur.

REGNAUD. — « Pour les nouveaux départemens peut-être.

L’EMPEREUR. — « Pour toute la France et pour toute l’Europe. Ce n’est pas que l’on croie par là consacrer le droit de la naissance. On ne croit plus que c’est Dieu et la naissance qui donnent les trônes ; nous croyons, nous, que c’est Dieu et les hommes. »

LACUÉE se récrie sur les prétentions de la Cour de Rome.

L’EMPEREUR. — « Le Pape ne demande point à donner la couronne ; ii demande, s’il ne la donne point, qu’aucun autre ne la donne.

LACUÉE. — « Il veut rétablir le droit que nul autre que lui ne peut disposer des couronnes.

L’EMPEREUR. — « Non. La Cour de Rome dit : « Vous voulez