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L’EMPEREUR. — « La cérémonie se fait en face « le la nation. L’Empereur y va, mais il est déjà Empereur. Ceux qui n’en veulent pas baissent la tête. Nous ne sommes plus au commencement de la révolution où le peuple était en effervescence et gouvernait le Roi. Il ne faut plus qu’il se mêle d’affaires politiques.

« Cette cérémonie doit se faire devant toute la nation ; c’est par hasard qu’elle se fait à Paris.

« S’il fallait élever l’Empereur sur le pavois, ce serait au camp. Je rassemblerais deux cent mille hommes au camp de Boulogne. Là j’aurais une population couverte de blessures dont je serais sûr. Si c’est une masse sans représentation légale qui doit faire un Empereur, c’est l’armée. Il y a là des hommes de tous les pays, de tous les départemens. Pourquoi donner au peuple de Paris le droit de faire un Empereur ? Tant que je gouvernerai, la ville de Paris ne sera que la capitale et non toute la France. »

Le préfet de Versailles, interrogé, croit qu’il ne faut pas s’exposer aux témoignages de contentement ou de mécontentement du peuple.

L’EMPEREUR. — « Ce n’est point une fête pour amuser le peuple, c’est une cérémonie qui doit avoir la plus grande influence sur le sort de l’Etat. »

TALLEYRAND cite le sacre de Louis XVI où le peuple n’est entré qu’après la cérémonie achevée.

La question posée si le sacre aura lieu dans un endroit public ou fermé, la majorité décide pour un endroit fermé.


Saint-Cloud, messidor an XII (juin-juillet 1804).

Cérémonie du couronnement'.

L’EMPEREUR. — « Pourquoi ne pas choisir une autre ville que Paris où il y a tant de canaille ? Quand ce ne serait que pour faire voir aux Parisiens qu’on peut gouverner sans eux ! Le préfet de Paris qui en est le premier magistrat en laisse-t-il ainsi égarer l’opinion ! Il est bon de montrer à Paris son mécontentement. Tant que j’aurai du sang dans les veines, je ne me laisserai pas faire la loi par les Parisiens. Il ne me faudra pas deux cent mille hommes, j’en ai assez de quinze cents pour