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le général eut fait partir devant lui toutes les réserves et même toute l’artillerie.


VI

Frossard et son armée s’en vont, et les renforts qu’il a réclamés arrivent.

A huit heures, c’est un bataillon du 60e. Il demande où est Frossard ? On l’ignore. Ensuite surviennent successivement les divisions Metman, Castagny et Montaudon.

A neuf heures, arrive la 1re brigade de Metman sur la place située à l’entrée du village. Personne ne sait où est Frossard. Une auberge était là : les hommes l’envahissent pour se procurer un peu de vin et de pain, en attendant le retour du chef d’état-major allé aux nouvelles. Enfin on trouve le maire. Il raconte que Frossard n’a pas paru au quartier général depuis cinq heures, et qu’il le suppose en route sur Sarreguemines. Alors Metman traverse les rues de la ville, noires et silencieuses, bivouaque à quelques kilomètres, au-dessous et en face du plateau d’Œting. Sans allumer de feu, les soldats se couchent le long de la route, avec leurs sacs pour oreillers.

A une heure du matin, rejoint la brigade Arnaudeau. Avant de partir, elle s’était grossie de 400 réservistes. En route, elle avait rencontré la brigade Juniac, oubliée par Frossard, et avait cheminé avec elle. Le maire de Forbach averti accourt. « Dépêchez-vous de filer, leur dit-il, vous me compromettez ; allez rejoindre votre général de division qui est au delà de Forbach. » Ce fut le compliment de bienvenue de ce bon Bavarois. Arnaudeau campa auprès de Metman.

Castagny était arrivé à Teuteling, à petite distance de Forbach. Il s’établit vers les huit heures du soir, à droite et à gauche de la route, en position de recevoir l’ennemi qu’on annonçait tout proche. De là il envoie des officiers à Frossard. Ceux-ci ne trouvent que Metman qui leur apprend que Frossard est en retraite sur Sarreguemines et qu’au jour il le rejoindra par Puttelange. Alors Castagny ne se meut plus ; il s’établit sur un tas de pierres afin que personne ne puisse venir sans qu’il le voie, et il attend les instructions qu’il a fait demander à Bazaine par un aide de camp.