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LA GUERRE DE 1870

III[1]
A METZ ET A PARIS
APRÈS LES PREMIÈRES DÉFAITES


I

Pendant toute la journée du 6 août, se succédèrent au quartier général les nouvelles sensationnelles. Le matin c’est le bruit d’une grande victoire remportée par nous avec beaucoup de prisonniers. A dix heures, c’est une dépêche de Mac Mahon : « Si Failly me rallie, je pourrai prendre l’offensive. » A une heure, c’en est une de Frossard : « Je suis attaqué vigoureusement. » A trois heures, c’est un télégramme du chef de gare de Reichshoffen : « On bat en retraite, je me sauve. » A cinq heures, c’est Frossard qui rassure : « La lutte semble s’apaiser, j’espère, rester maître du terrain. » A sept heures, c’est encore Frossard, mais poussant un cri de détresse : « Je suis tourné, obligé de me retirer sur les hauteurs. » Enfin, à huit heures et demie, c’est le télégramme tragique de Mac Mahon : « J’ai été attaqué ce matin à sept heures par des forces très considérables. J’ai perdu la bataille ; nous avons éprouvé de grandes pertes en hommes et matériel. La retraite s’opère en ce moment, partie sur Bitche, partie sur Saverne. Je tâcherai de gagner ce point où je reconstituerai l’armée. Nos hommes ont perdu la plus grande partie

  1. Voyez la Revue du 15 avril et du 1er mai.