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ailes, les poules quand elles s’ébattent et se couvrent de sable, les tiges du trèfle qui se redressent, etc., ne font qu’annoncer la pluie, tout comme le vulgaire hygromètre à cheveu. Mais les pronostics tirés de l’état de l’atmosphère ont plus de valeur : les halos lunaires ou solaires annoncent, avec une presque certitude, la pluie accompagnée de vent ; de même, une perceptibilité plus facile des sons lointains, surtout de ceux qui sont émis dans une certaine direction, annonce la venue, dans cette direction, de vents pluvieux ; l’amoncellement des nuages du côté de l’horizon vers lequel souffle le vent annonce la pluie ; la lourdeur de l’atmosphère et l’apparition de cumulo-nimbus annoncent l’orage ; etc., etc.

En somme, un pilote de l’air n’a pour ainsi dire pas le droit de se laisser surprendre par une dépression. Il n’en est pas de même pour les grains, qui peuvent l’assaillir un quart d’heure, une demi-heure au plus après que les bancs de nuages qui les annoncent ont été perçus à l’horizon, et qui, on l’a vu, sont beaucoup plus dangereux que les dépressions, à l’intérieur desquelles les vents tournent presque toujours avec assez de lenteur et sont animés de vitesses bien moindres, en général, que celles des vents de grains.

Aussi M. Durand-Gréville pense-t-il qu’en raison des progrès incessans de la navigation aérienne, une mesure s’impose d’ores et déjà : la création d’un service d’annonce des grains. Il se fonde, pour la préconiser, sur les essais très satisfaisans qui ont déjà eu lieu : à Francfort, un météorologiste allemand, M. Linken, sur 37 grains qui ont passé sur cette ville, en quatre mois, a pu en annoncer 33, au moins une heure à l’avance, résultat magnifique, que n’a jamais obtenu le service d’annonce des dépressions. Nous sommes absolument de l’avis de M. Durand-Gréville : il est certain qu’en France, par exemple, une seule dépêche venant de Brest suffirait pour prévenir la venue d’un grain pouvant balayer l’Europe. Quelques dépêches supplémentaires, expédiées de Saint-Brieuc, Nantes, Cherbourg, etc., au moment du passage du grain sur ces villes, permettraient de se faire une idée suffisante de son orientation, de sa largeur et de sa vitesse de propagation. A peu de minutes près, l’heure de son passage sur Paris ou tout autre point plus à l’Est pourrait être prévue.

Où, cependant, nous nous séparons de M. Durand-Gréville, c’est lorsqu’il pose en principe que la dépense de ce service