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annonce une perturbation atmosphérique, elle est déjà sur nous, tandis que les habitans de l’Europe centrale, prévenus par le télégraphe, vu la lenteur avec laquelle se déplace ordinairement le centre de la dépression, ont le temps de la voir arriver. Mais, même chez nous, un pilote sérieux ne peut pas être pris au dépourvu, car, en dehors des indications d’origine officielle, une foule de symptômes lui permettent de prévoir le temps probable :

Si le baromètre baisse graduellement, que le thermomètre, en été, en fasse autant (il monterait en hiver), que le vent, augmentant progressivement d’intensité, souffle du Sud et tende à tourner à l’Ouest, que des nuages apparaissent, il peut, en effet, tabler sur l’arrivée d’une dépression. Que si, quelque temps après, le baromètre remonte graduellement, le thermomètre aussi, en été, bien entendu, car, en hiver, c’est le mouvement contraire qui se produira, que le vent, en même temps, s’affaiblisse, en tournant au Nord-Ouest et au Nord-Nord-Ouest, et que le ciel s’éclaircisse, c’est que la dépression s’éloigne, pour disparaître en comblant les profondeurs de notre continent.

Le baromètre met-il alors trois ou quatre jours pour monter graduellement de la pression normale de 760 millimètres, à 770, 780 millimètres, le thermomètre en fait-il autant si on est en été, baisse-t-il si on est en hiver, alors, comme il y a toutes chances pour que la baisse du baromètre dure aussi longtemps que la hausse, notre pilote peut compter sur trois et quatre jours, et même plus, de beau temps. Toutefois, par prudence, il sera bien de regarder, de temps à autre, l’horizon du côté du Nord-Ouest. Si, à un moment donné, il voit apparaître des nuages rapides de la catégorie de ceux qu’on appelle queues-de-chat (cirrus), ou encore des nuages pommelés (cirro-cumulus), il y a grandes chances pour que l’Atlantique nous gratifie d’une dépression. Cependant, il ne devra pas oublier : 1° qu’une dépression peut se combler avant d’arriver sur nous, et qu’alors le temps peut rester beau ; 2° que, nous l’avons déjà dit et nous le répétons, le temps peut rester beau pendant le passage d’une dépression, si le centre est très éloigné ; 3° que, loin des grands centres, là où les bulletins du Bureau central font défaut, les avis des marins et des agriculteurs ne sont pas à dédaigner. On ne peut, en pareil cas, se fier aux animaux ni aux plantes : les chats qui se fardent, les oiseaux aquatiques qui battent des