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dangereux, en général, pour un dirigeable, peuvent parfaitement faire capoter ou chavirer un aéroplane, il faut éviter d’atterrir en plein grain. Si, cependant, on se trouve juste au-dessus du point d’arrivée, et qu’on ne veuille pas absolument aller plus loin, il faudra tâcher de toujours faire face au grain et de ne garder de vitesse que juste ce qu’il faut pour rester à peu près sur place. On ne devra reprendre terre qu’après le passage du grain, alors que le vent, après avoir retourné vers le Sud-Ouest, s’est sensiblement calmé.

En définitive, la manœuvre d’un aviateur, d’un pilote, attaqué par un grain, peut se résumer ainsi : 1° ne pas rester près du sol, afin d’éviter les remous ; 2° faire varier sa direction de manière à avoir toujours le vent en face ou dans le dos, suivant les cas, seul moyen de traverser le ruban de grain le plus promptement possible ; 3° éviter d’atterrir à l’intérieur du grain, attendre qu’il ait passé.


III

A propos d’un chimérique projet de traversée de l’Atlantique en dirigeable, M. G. Prade écrit : » Le vent est tantôt un ami, tantôt un adversaire, surtout un inconnu ; se fier à lui, c’est faire entrer l’irréel dans ses calculs. » M. Prade exagère, au moins en ce qui concerne les pays civilisés, au moins en ce qui concerne le nôtre. Si nous nous sommes fait comprendre de nos lecteurs dans les pages qui précèdent, ils doivent, en effet, être convaincus qu’on peut, dès aujourd’hui, sans imprudence, faire entrer dans les calculs la prévision du temps probable. ou, si l’on veut, du vent probable (la pluie, la neige, l’orage lui-même, ne pouvant être considérés comme des empêchemens majeurs), et que seul, pour l’instant, l’ » état de l’air, » tel que nous l’avons défini, plus haut, est une inconnue qui nous échappe.

En ce qui concerne l’arrivée et l’allure des dépressions, notre Bureau central de Météorologie avec ses cartes synoptiques et ses bulletins, nos grands journaux, le Temps, particulièrement, donnent des renseignemens suffisans. Certes, en France, en Angleterre, ou est moins favorisé que le centre de l’Europe : trop souvent, au moment où le Bureau central