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du Sud-Ouest, de l’Ouest et, enfin, du Nord-Ouest, tournant ainsi progressivement dans le sens des aiguilles d’une montre (loi de Dove), ce que les anciens avaient déjà constaté, l’Ecclésiaste en fait foi. Le contraire aurait lieu pour un observateur placé au Nord de la trajectoire : l’arrivée de la dépression coïnciderait, pour lui, avec des vents de Sud-Est, tournant progressivement au Nord, c’est-à-dire en sens inverse des aiguilles d’une montre. Or, presque toujours, en France, nous sommes au Sud des dépressions qui passent dans notre ciel. Par suite, les vents qu’elles nous amènent sont des vents du Sud ou du Sud-Ouest, vents chargés de pluie qui relève la température en hiver, la fait baisser en été, l’établissement du vent au Nord-Ouest annonçant que le météore nous a quittés. Le contraire a lieu pour un pays placé au Nord de la dépression : les vents d’Est, de Nord-Est, accompagnant l’arrivée d’une dépression, vents ayant soufflé sur l’Europe continentale, vents secs, par conséquent, abaissent la température en hiver, la relèvent en été.

Si la pluie peut, à certains égards, être considérée comme un bienfait, non pour les pilotes que la brume, le brouillard, les chutes d’eau gênent toujours plus ou moins, en revanche, la violence des vents qui, chez nous, l’apportent, est fortement renforcée par le déplacement vers l’Est de presque toutes les dépressions qui nous abordent. Comme les tornados des pays tropicaux, une dépression présente toujours, en effet, ce que les marins appellent le côté maniable et le côté non maniable. Or, il est clair qu’en France, par suite de notre position au Sud de presque toutes les dépressions, nous sommes, en général, du côté non maniable, car le vent que nous sentons est, approximativement, la somme arithmétique de deux vitesses : 1° la vitesse giratoire du vent autour du centre de la dépression, vitesse dirigée vers l’Est, puisque le vent souffle de l’Ouest ; 2° la vitesse de propagation de la dépression, dirigée aussi vers l’Est, vitesse qui, chez nous, se maintient entre 24 et 30 kilomètres à l’heure, mais peut, quelquefois, atteindre 90, 100 kilomètres. De là les grands vents, les vents de tempête annoncés plus haut.

D’ailleurs, les dépressions que nous envoie l’Atlantique ne nous amènent pas seulement de grands vents. Avec elles, presque toujours, voyagent ce qu’on appelle des grains, dont l’effet est d’augmenter, au moins momentanément, la violence de ces vents.