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est calme, mais, à une demi-heure de Paris, l’aéroplane est pris par un vent de Sud-Ouest incliné d’à peu près 37° sur le parallèle Ouest-Est, vent dont la vitesse est de 50 kilomètres à l’heure. Que va-t-il arriver si le pilote ne s’aperçoit pas qu’il dérive ? Une heure après son départ, l’aéroplane aurait dû se trouver à 11 kilomètres environ au sud d’Amiens. Il n’en sera plus ainsi à présent : les composantes du vent qui l’a surpris peuvent être considérées comme deux vents distincts, l’un soufflant vers le Nord avec une vitesse de 30 kilomètres à l’heure, l’autre soufflant vers l’Est avec une vitesse de 40 kilomètres. Par suite, dans la seconde demi-heure du voyage, la vitesse propre de l’aéroplane se sera accrue d’une dérive longitudinale de 30 kilomètres, soit, pour la vitesse totale suivant la direction du méridien Paris-Amiens, 130 kilomètres à l’heure, 65 kilomètres à la demi-heure, et, en même temps, l’aéroplane aura éprouvé une dérive transversale de 20 kilomètres. Consultons la carte et nous constaterons que le pilote se trouve, non à 11 kilomètres au Sud d’Amiens, mais à l’Est de cette ville, à mi-chemin, entre Amiens et Péronne. A partir du moment où le vent a soufflé, le pilote a dérivé vers l’Est de 17° environ, et cela malgré la vitesse considérable de son appareil.

Mais, avant d’aller plus loin, une remarque s’impose :

L’application faite jusqu’à présent du principe de la relativité n’est admissible qu’à deux conditions : 1° en englobant dans l’expression « navire aérien » le cortège de tourbillons, de remous, qu’engendre le jeu de ses différens organes et qu’il traîne avec lui ; 2° en supposant le navire loin du sol et, par conséquent, des remous qui se produisent si fréquemment au voisinage de la terre, en le supposant loin, aussi, de tout autre navire aérien. De même, du reste, pour un bateau : lorsque la rivière est trop étroite par rapport aux dimensions du bateau, il devient obligatoire de tenir compte des remous qui se produisent sur les rives, comme, aussi, de ceux que produisent les bateaux qui passent dans son voisinage.

Reste, maintenant, pour être à pou près complet, à examiner le cas d’un vent latéral, ascendant ou descendant, car le vent, que nous avons supposé jusqu’à présent rectiligne et horizontal, est rarement l’un et l’autre : dans les basses régions de l’air, il épouse les dénivellations du sol et, par suite, est tantôt ascendant, tantôt descendant ; les montagnes et les vallées, de leur