Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ces deux vitesses, ce qui veut dire qu’elle sera représentée, en grandeur, en direction et en sens, par la diagonale du parallélogramme construit en prenant pour côtés de cette figure la vitesse propre du bateau d’une part, celle du fleuve de l’autre.

De même pour le navire aérien. Sa vitesse absolue sera représentée en grandeur, en direction et en sens par la diagonale du parallélogramme construit avec la vitesse propre du navire, d’une part, celle du vent, de l’autre. Résultat : la machine volante, au lieu de décrire une trajectoire dans le sens de son axe, dérive, et cela, sans que le pilote, à moins de regarder le sol, puisse s’en douter, car, toujours, la machine avance, dans la masse d’air qui la baigne, de 20 mètres par seconde, par exemple, si sa vitesse propre est de 20 mètres à la seconde, et le pilote est toujours frappé par le vent que crée ce déplacement incessant de son appareil.

Du reste, le vent de côté peut agir de deux façons différentes : s’il souffle dans le sens de la marche, son action est accélératrice ; dans le cas contraire, elle est retardatrice. On peut se rendre compte aisément du phénomène si l’on réfléchit qu’en vertu, toujours, du principe de la relativité : 1° la dérive, quelle qu’elle soit, peut toujours être considérée comme la somme géométrique, la résultante de deux dérives composantes, d’abord une dérive longitudinale, dirigée suivant l’axe de l’appareil, dérive dont, sans la nommer, nous venons de faire une étude suffisamment détaillée, et qui, dirigée dans le sens de la marche, est accélératrice, dirigée en sens inverse, est retardatrice ; puis, une dérive dite dérive transversale, perpendiculaire, à l’axe du navire, qui, suivant le sens du vent, tend à l’entraîner à droite ou à gauche de cet axe, c’est-à-dire à droite ou à gauche du pilote. 2° tout vent de côté, tout vent latéral horizontal peut être considéré, lui aussi, comme la somme géométrique, la résultante de deux courans aériens : le premier, parallèle à l’axe du navire, vent debout ou arrière, suivant le sens du vent latéral ; le second, perpendiculaire à cet axe, soufflant, suivant le sens du vent latéral, à bâbord ou à tribord. Quelques chiffres appuieront cette démonstration :

Un aéroplane faisant du 100 à l’heure, va de Paris à Amiens, exactement suivant la direction Sud-Nord (on sait qu’Amiens est à très peu près sur le méridien de notre capitale). L’air