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vitesse de ce vent. Quant aux spectateurs restés à terre, la vitesse du navire leur paraîtra relativement faible : 15 mètres à la seconde, soit 54 kilomètres à l’heure, alors que beaucoup d’entre eux tablaient sur 25 mètres à la seconde, soit 90 kilomètres à l’heure. Et cependant le navire, en vertu de sa vitesse propre, n’en fait pas moins, continuellement, 25 mètres à la seconde, 90 kilomètres à l’heure, dans le lit du vent. Il continuerait à les faire si la vitesse du vent devenait supérieure à la vitesse propre, si, par exemple, le vent venait à souffler à 30 mètres à la seconde. Mais, alors, les spectateurs placés à terre verraient le navire reculer à raison de 5 mètres (différence entre 30 et 25) par seconde.

Il peut arriver aussi que la vitesse du vont debout devienne justement égale à la vitesse propre. Alors, pour les spectateurs restés à terre, le navire semble immobile. Il l’est, en effet ; sa vitesse absolue est nulle ; mais il n’en fait pas moins, dans l’exemple choisi, 25 mètres à la seconde dans le lit du vent, et cela sans cesse, sans relâche. Le pilote le sait bien, lui qui reçoit constamment en pleine figure le vent de l’appareil, que l’anémomètre ne cesse de lui indiquer. S’il ne regardait à terre de temps à autre, il pourrait s’imaginer qu’il avance, alors qu’il reste sur place.

Le phénomène est général : un oiseau, un insecte dont les ailes battent, semble-t-il immobile ? C’est qu’assurément le vent debout qui le frappe possède une vitesse égale à leur vitesse propre. De ce que M. A. Sée a observé que par un vent assez violent de 20 à 25 mètres, des hirondelles paraissaient clouées sur place, on peut sûrement en déduire que l’hirondelle ne peut guère faire plus que 25 mètres à la seconde, tout en s’employant à fond, et nos anciens auteurs lui accordaient bénévolement une vitesse de 67 mètres à la seconde ! On se demande sur quoi ils se fondaient pour énoncer un chiffre aussi fantaisiste ! Il est vrai que si les hirondelles de M. Sée, au lieu de s’épuiser à lutter contre le vent, avaient fait demi-tour, du coup elles auraient eu vent arrière, et auraient pu couvrir 50 mètres par seconde, soit 150 kilomètres à l’heure.

Admettons, en effet, que notre aéroplane, au lieu du vent debout, ait vent « arrière. » En vertu du principe de la relativité, re n’est plus 15 mètres que l’appareil couvrira à chaque seconde, mais 35, somme de 25 et de 10. Tout à l’heure il ne faisait que